La Tribune de Lyon

L’édito d’Antoine Comte

-

Plus l’été avance, plus les rumeurs d’un remaniemen­t ministérie­l prennent de

l’épaisseur. La raison ? L’affaire Benella évidemment. Ce feuilleton estival nous offre chaque jour son lot de révélation­s qui enfoncent toujours plus l’Élysée, et par ricochet le gouverneme­nt dans la crise. L’une des dernières en date : les trois pistolets et le fusil Remington qu’aurait eu en sa possession le jeune chargé de mission d’Emmanuel Macron, alors qu’il n’avait aucune habilitati­on pour détenir des armes de poing. Un arsenal impression­nant qui viendrait renforcer l’idée de l’existence probable d’une police politique clandestin­e au service du président de la République. Et surtout affaiblir un ministre de l’Intérieur déjà aux abois.

Si on dresse un premier bilan de cette affaire,

on se rend compte en effet que le grand perdant est Gérard Collomb. En plus d’avoir rompu la confiance avec le monde policier qui lui en veut d’avoir rejeté la faute sur la préfecture de police de Paris plutôt que de la couvrir, l’ancien maire de Lyon a complèteme­nt raté ses auditions devant les commission­s d’enquête de l’Assemblée nationale et du Sénat. L’homme le plus informé de France n’a rien trouvé de mieux que de déclarer qu’il « en apprenait tous les jours grâce aux journaux » dans cette affaire. Une sortie plus que raillée sur les réseaux sociaux, mais aussi par l’opposition qui ne s’est pas privée de parler de « tartufferi­e » et de « mensonges sous serment » . Logique.

Mais si Collomb semble donc marcher sur un fil à Beauvau,

son départ du gouverneme­nt, à peine plus d’un an après y être entré, ne serait pas forcément un mauvais signe pour lui. Bien sûr, son image en prendrait un coup auprès de l’opinion publique et il serait au final considéré comme le premier responsabl­e de ces graves dysfonctio­nnements au plus haut sommet de l’État, mais ce retour prématuré à Lyon serait aussi idéal pour préparer sereinemen­t sa candidatur­e aux élections municipale­s de 2020. Même si les Lyonnais sont bien conscients que c’est toujours lui qui tient la ville, même depuis Paris, le remaniemen­t serait en effet l’alibi rêvé pour expliquer aux électeurs son come- back plus d’un an et demi avant le scrutin. Un retour précoce qui lui permettrai­t également de couper l’herbe sous le pied de ses adversaire­s et notamment de certains élus de son propre camp qui espéraient profiter de son absence pour s’imposer dans le paysage politique lyonnais.

Newspapers in French

Newspapers from France