La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @ fsapy

L’enquête réalisée par Médiacités que nous publions cette semaine fait froid dans le dos. Les habitants de la métropole foulent chaque jour un sol corrompu qui regorge de produits chimiques sympathiqu­es : benzène, arsenic, plomb… Il y en a pour tous les goûts.

Au total plus de 140 sites sont bourrés de substances polluantes

et attendent qu’un jour, quelqu’un dispose des moyens suffisants pour les dépolluer. Mais en fait, cela n’arrivera jamais. Et c’est cela qui fait encore plus froid dans le dos : nous sommes condamnés à vivre éternellem­ent avec ce passé toxique sous nos pieds.

La dépollutio­n de ces sols,

héritage d’une période où l’on considérai­t que la nature pouvait tout absorber, est bien trop coûteuse pour qu’elle puisse être menée à grande échelle. Prenez le cas emblématiq­ue de la décharge du Bouquis, à Dardilly ( sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir plus en détail dans un prochain numéro) : elle compterait plus de 100 millions de litres de substances toxiques, pudiquemen­t recouverts d’une couche d’argile de quelques mètres. Tout cela est absolument invisible : le promeneur qui arpente la coquette forêt recouvrant tout cela n’a aucune idée d’où il se trouve. Il y a même des habitation­s et… une piscine (!) à la lisière de la décharge.

Coût de la dépollutio­n estimé pour le seul site de Dardilly : entre 50 et 100 millions d’euros.

Budget global consacré par l’État à la dépollutio­n des sols pour toute la France : moins de 24 millions d’euros. On comprend vite que rien ne sera fait avant longtemps… À moins qu’un jour, cette bombe à retardemen­t n’explose à la figure des habitants de la métropole, en contaminan­t les nappes phréatique­s ou en altérant gravement la santé des riverains. Il faudra alors agir dans l’urgence absolue. Mais ce sera trop tard.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France