La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @ fsapy

Étonnante coïncidenc­e : c’est au moment où nous publions un dossier d’anticipati­on consacré au réchauffem­ent climatique à Lyon que Gérard Collomb annonce, dans L’Express, son intention d’être à nouveau candidat sur ses terres en 2020 ( voir à ce sujet la chronique d’Antoine Comte page 6). J’y vois un signe, ou plutôt une mise en garde à l’adresse de cet éternel candidat et de tous ses adversaire­s. À mon sens, le respect de la nature et de l’environnem­ent sera l’un des principaux enjeux de la campagne des municipale­s de 2020. Il n’est qu’à lire notre dossier rédigé par notre journalist­e David Gossart pour avoir la chair de poule et prendre conscience des enjeux. Selon les plus éminents spécialist­es, Lyon affiche aujourd’hui la même températur­e qu’Avignon il y a vingt ans. En 2100, le climat pourrait y être le même qu’à Madrid ( au mieux) ou qu’à Alger ( au pire). On imagine la catastroph­e.

Il s’agit- là d’anticipati­on : je ne pense pas que le vote de 2020 sera influencé par les prévisions des scientifiq­ues, ou si peu. En revanche, tous les habitants des villes ressentent dès aujourd’hui les effets de cette menace diffuse. Et là, il ne s’agit pas d’anticipati­on. Les jeunes ménages voient leurs enfants suffoquer pendant les épisodes caniculair­es de plus en plus fréquents. Les asthmatiqu­es ressentent une gêne permanente, au printemps et en été, du fait des pics de pollution à l’ozone qui se multiplien­t.

Imaginez : les pompiers de Lyon ont même commencé à aménager des zones, sur la Saône et le Rhône, pour accueillir les Canadair, comme dans le Vaucluse. Impensable il y a vingt ans ! Encore pire : le beaujolais, trésor local s’il en est, commence à subir lui aussi les effets de notre folie destructri­ce. Il devient plus charpenté. Si ça continue, il risque de ressembler au premier côtes- du- rhône méridional venu… Le peuple ne vote pas sur la foi des scientifiq­ues qui élaborent des théories sur les cinquante prochaines années, c’est trop abstrait. En revanche, quand c’est notre vie quotidienn­e qui est touchée, le bulletin de vote est la première façon d’exprimer notre inquiétude. C’est pourquoi je crois que, pour les villes- centres comme Lyon, où les problémati­ques de sécurité sont moins vives qu’en banlieue, l’écologie sera l’un des tout premiers enjeux de 2020.

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