Culture et spectacles. Biennale de la danse : Preljocaj, Motion et émotion
Avec Gravity au cinéma, Alfonso Cuarón ( bientôt au Festival Lumière), signait un de ses plus beaux films. Avec Gravité, Angelin Preljocaj signe une de ses plus belles chorégraphies et la plus belle création de la Biennale jusqu’ici. Si on a vu des spectacles en réalité virtuelle expérimentaux de « danse connectée » ou des chorégraphies au contraire déconnectées de la musique ( Tesigawara dansant devant l’Orchestre national de Lyon, mais pas forcément avec, pour une Symphonie fantastique magnifique musicalement), ils sont rares les chorégraphes qui réussissent le tour de force d’être à la fois sophistiqué et populaire.
Angélique Angelin. C’est ce qu’on a toujours aimé chez Preljocaj qui mêlait ici des tableaux à la sensualité insolente, orchestrant les rapports de sexe des danseurs, entre caresse et attirance animale. Pas besoin de posture engagée pour évoquer la quest ion du genre : le design des costumes tai lle une robe à la virilité tandis qu’un danseur est coiffé des mêmes tresses que sa partenaire. Le reste se déploie l it téralement en apesanteur, d’une ouverture en cocon pour 14 danseurs lovés tous ensemble se déployant comme une corolle, qui finira par éclore dans un finale d’anthologie sur le Boléro de Ravel. L’émotion musicale bat son plein, de la musique baroque au beat electro mixé avec les prémisses syncopées du Boléro. Les transitions s’enchaînent comme dans un rêve, alors que les corps ne cessent de se confronter, les femmes trainant un moment « leurs » hommes à terre rampant comme des reptiles avant de les congédier d’un coup de talon. La coda magnifie au ralenti les derniers mouvements d’une femme se couchant, les jambes écartées comme une réplique à L’Or igine du monde. Preljocaj est un maître. Il plane au- dessus de la Biennale. Sublime.