La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @ fsapy

Deux quartiers nouveaux, deux destins radicaleme­nt différents… Tout semble séparer la triste Cité internatio­nale du flamboyant quartier de la Confluence, comme le montre le dossier réalisé par notre journalist­e Élise Capogna ( voir page 32). Et pourtant, ils avaient tant en commun.

Seulement dix années séparent leur

achèvement : début des années 2000 pour la Cité internatio­nale et début des années 2010 pour la phase 1 de la Confluence. Les deux quartiers sont également nés d’une idée, d’un projet, presque d’une feuille blanche sur des friches désertées : celles de l’ancienne Foire de Lyon, pour l’un, celles des docks qui nourrissai­ent Lyon naguère, pour l’autre. Enfin, ils sont tous deux marqués par des gestes architectu­raux forts : l’oeuvre sobre de Renzo Piano, pour l’un, la succession chamarrée de stars, pour l’autre ( MacFarlane, Odile Decq, Rudy Ricciotti, Wilmotte et consorts).

Et pourtant, l’un est désormais parfaiteme­nt

intégré dans l’esprit des Lyonnais comme une extension du centre- ville où l’on va volontiers se promener le week- end, tandis que l’autre demeure une sorte de no man’s land, peuplé la journée d’hommes d’affaires en cravate et tristement désert dès que 18 heures ont sonné. « Dès que la nuit

tombe, c’est effrayant » , nous confiait voici quelques jours l’un de ces hommes d’affaires, qui a déménagé ses bureaux il y a quelques mois au coeur de la Cité.

Ce qui explique cette différence, c’est certaineme­nt que, pour la Cité internatio­nale ( un nom qui sonne un peu comme un quartier de sous- préfecture faussement ambitieuse), on a voulu créer un espace pour les autres, pas pour les Lyonnais. Comme une sorte de zone franche censée accueillir les congressis­tes et les maintenir en apesanteur, loin de la frénésie urbaine. Une banlieue du business. Ce qui est à mon sens une erreur totale : les congressis­tes de la Cité Internatio­nale ne rêvent que d’une chose, en fait, c’est de s’enfuir « en ville » .

À l’inverse, l’espace public de la Confluence

est fait pour flâner, se promener. Et pourtant, il n’attire pas moins d’hommes d’affaires. Même le géant GL events, qui exploite le fameux Palais des Congrès à la Cité internatio­nale, a choisi de localiser son siège mondial au bout du bout de la Confluence. Cherchez l’erreur… L’erreur en question, c’est de vouloir attribuer une fonction précise à un quartier. Un bout de ville, on doit pouvoir y travailler, y dormir, y rire, y aimer… Dès lors que des penseurs, depuis leur table de dessin, veulent trop cadrer les choses, cela rate toujours. On espère que nos dirigeants auront cela en tête lorsqu’ils conduiront le méga- projet de refonte de la Part- Dieu.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France