La Tribune de Lyon

La pâture

- MA SEMAINE CULTURELLE par LUC HERNANDEZ

C’est marrant, cette manie chez certains journalist­es de vouloir à tout prix gâcher la fête, comme si leur seul moyen d’exister se mesurait à leur

pouvoir de nuisance. C’était le cas la semaine dernière avec nos confrères de

Médiacités qui publiaient une enquête à charge contre Thierry Frémaux au moment du lancement de la 10e édition du Festival Lumière. C’était déjà le cas auparavant avec les notes de frais de Serge Dorny à l’Opéra de Lyon, sorties du placard de la comptabili­té comme par hasard. Ou encore avec les « 42 000 euros par semaine » du chef Leonard Slatkin à l’Auditorium. Dans les trois cas, ça aura fait pschitt comme disait l’autre : pas la moindre malversati­on ni le moindre enrichisse­ment personnel, ce qui est tout de même l’essentiel. On semble faire mine de découvrir le train de vie profession­nelle des directeurs de niveau internatio­nal. Une baguette comme celle de Slatkin est en général rémunérée au moins 50 000 euros le cachet pour une seule soirée en tant que chef invité, et tous les maestros de l’Auditorium ont toujours eu un contrat de 12 semaines par an et non pas un salaire mensuel qui ne veut rien dire, pour la bonne raison qu’ils restent des pointures internatio­nales et continuent de diriger ailleurs. Mais c’est aussi leur carte de visite qui permet d’organiser des tournées qui font rayonner Lyon : au Carnegie Hall de New York l’année dernière pour l’ONL, à la Philharmon­ie de Berlin et au Gwendhaus de Leipzig cette année, seul orchestre européen à y être invité. Car voilà : on n’attire pas les mouches avec du vinaigre, et il ne faudrait pas jeter en pâture le bébé artistique avec le carnet de chèques… Thierry Frémaux comme Serge Dorny ont développé le mécénat comme personne avant eux, et ont fait respective­ment rayonner leur structure autant que la ville. Le premier à en profiter, c’est bien le public de Lyon, et c’est l’essentiel. La culture souffre plus souvent d’un manque d’ambition que d’un excès, et ses financemen­ts publics globaux restent sans commune mesure avec le monde sportif ou économique. Stop à la démagogie.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France