Classique : Ravel, droits d’auteur et paradis fi scaux
Ravel, droits d’auteur et paradis fiscaux
C’est le compositeur qui a donné son nom à l’Auditorium de Lyon et dont on fête ce jeudi 22 novembre le 90e
anniversaire du Boléro, une des oeuvres classiques les plus célèbres au monde. Maurice Ravel a toujours eu une histoire particulière avec l’Orchestre national de Lyon, qui a publié une intégrale de ses oeuvres pour orchestre chez Naxos, sous la direction du maest ro Leonard Slatkin. Si l’ONL a joué du Ravel lors de sa dernière tournée en Allemagne, il devrait aussi interpréter le Boléro lors de sa prochaine tournée en Chine en juin prochain. Le Boléro a été le premier disque d’or de l’orchestre en 1984, et le premier disque d’or jamais reçu par un orchestre symphonique, sous la direction de Serge Baudo. Un must. Anecdote incroyable, c’est son père, Étienne Baudo, qui fut le hautbois à la création du
Boléro en 1928 sous la direction de Maurice Ravel lui- même, et c’est lui qui aurait transmis les indications de tempi et l’art de l’interpréter à la française et pas du tout comme une espagnolette comme on le joue trop souvent. C’est dire si la tradition de Ravel est ancienne à l’ONL. Justice. Mais Maur ice Ravel déf raie aujourd’hui la chronique pour une sombre histoire de droits d’auteur et d’héritiers plus que pour son génie musical. Tombé dans le domaine public en 2016, le juteux Boléro ne donne aujourd’hui plus droit à la perception de droits d’auteur. Mais des héritiers suisses ont décidé de porter un recours devant la Sacem pour réintégrer le célèbre ballet dans le droit privé, fait rarissime. Verdict en 2019. De quoi inspirer à l’ensemble Op Cit et Jean Lacornerie du théâtre de la Croix- Rousse un nouveau spectacle en 2020 intitulé Para
dise Makers, du théâtre musical policier imaginant tout l’argent de Ravel en pleine spéculation dans les paradis fiscaux. Un spectacle original à découvrir en 2020 au théâtre sur la colline.