La Tribune de Lyon

Le Grand Réfectoire : si Dieu existe, il s’appelle Marcel

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Très attendu, du Vatican à la rue de la Barre, le Grand Réfectoire du nouvel Hôtel- Dieu

vient enfin d’ouvrir. Longtemps, au bonneteau des appels d’offres, le groupe Bocuse devait prendre le poste de médecin- chef. Mais voilà, le pape est mort. L’ancien réfectoire pour bonnes soeurs et frères hospitalie­rs, aux arcs de cathédrale, a trouvé de nouveaux prélats, dont un des patrons du Hard Rock Café. Autre forme de religion. C’est au final une bonne nouvelle pour la diversité. Le chef Marcel Ravin, étoilé sur le rocher de Stéphanie de Monaco ( Blue Bay), a signé la direction des cuisines, mélangeant des influences lyonnaises, obligées – on connaît tous l e s colères de Géra rd Collomb – et un rappel de ses origines martiniqua­ises. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés devant un Gnafron, un dessert 100 % lyonnais, constitué d’une génoise assez poreuse pour absorber tout liquide alcoolisé, ensoleillé façon insulaire, de rhum, fruits de la passion et noix de coco. Ici, le propos n’est ni au restaurant des Caraïbes sonorisé par Francky Vincent, ni au gastronomi­que monégasque, mais à la néo- brasserie. Ainsi le soir, au menu ( 48 euros avec amusebouch­es) nous avons enchaîné un foie gras flanqué de betteraves à l’hibiscus, disposés en îlots, une canette des Dombes et polenta parfumée au bois d’Inde et au sirop de batterie*, puis le Gnafron cité plus haut accompagné d’un soufflé de pain d’épices. Notons que le canard, parfait, était canardé de quelques grains de pop- corn, pour signifier la contempora­néité du style.

Réforme des retraites. Contents de l’aventure, malgré les défauts inhérents à l’ouverture, dans un cadre unique, version chic de la cantoche du Nom de la rose, nous y sommes retournés le lendemain pour déjeuner. Le menu ( 21,50 euros) à base de bisque d’écrevisse aux champignon­s, poulet au balsamique blanc, îles flottantes à la praline ( entre autres) vise le meilleur rapport qualité- prix de la ville, limite charité chrétienne. Certes, il y a des ratés de démarrage, dont un temps d’attente similaire à celui de la réforme des ret raites, mais on met quatre étoiles d’emblée, en prévision d’ajustement­s à venir.

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Anthony Clorennec et Corinne Bec, respective­ment chef et sous- chef de cuisine, sont les deux bras droits de Marcel Ravin.

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