La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- @ fsapy

Ceux qui fustigent sans nuance Airbnb et les autres plates- formes collaborat­ives de location de courte

durée, criant à tue- tête qu’elle vont conduire à la mort de l’hôtellerie lyonnaise, méritent un petit rafraîchis­sement de mémoire.

Il y a encore une dizaine d’années,

de gros salons profession­nels comme le Sirha ou Pollutec s’interrogea­ient sur leur capacité à se développer à Lyon. Non pas que la place manque à Eurexpo. Bien au contraire : l’exploitant GL Events ne cesse d’ajouter des milliers de mètres carrés au centre des exposition­s pour le mettre au niveau des attentes de la Métropole.

Non, ce qui posait problème à tous les organisate­urs,

même si les choses n’étaient pas étalées publiqueme­nt, par peur de faire fuir le chaland, c’était la pauvre capacité hôtelière lyonnaise. Lors des grands salons comme le Sirha ou Lyon Mode City ( qui a déménagé à Paris voici une quinzaine d’années), les congressis­tes étaient parfois obligés de se loger à Grenoble, à Chambéry, voire… à Paris ! Faute de chambres disponible­s à Lyon.

En doublant la capacité de l’offre hôtelière lyonnaise

( 14 000 chambres d’hôtels et autant de logements meublés de courte durée dans la Métropole), Airbnb et consorts ont au moins permis de régler une partie du problème. Par ailleurs, à entendre le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon, Emmanuel Imberton, les conséquenc­es négatives sur le chiffre d’affaires des hôteliers sont loin d’être évidentes : en quatre ans, alors que les plates- formes ont explosé, le taux d’occupation des hôtels est passé de 52% à près de 60% à Lyon, tandis que le prix moyen des chambres a grimpé de 68 à 73 euros.

Certes, cette hausse correspond à une période

au cours de laquelle le statut touristiqu­e de Lyon a été profondéme­nt modifié en Europe. La fâcheux peuvent toujours se dire que, sans Airbnb, les prix des chambres d’hôtel auraient augmenté encore davantage… Reste que l’on ne voit pas bien comment le tourisme aurait pu décoller à Lyon si notre métropole avait décidé de faire une croix sur Airbnb.

Il y a une vraie différence entre Lyon et d’autres villes européenne­s

comme Amsterdam ( qui vient d’interdire, les locations courte durée de type Airbnb). Dans le cas d’Amsterdam, la ville était totalement dénaturée par des hordes de touristes dans son centre. Ce n’est pas encore le cas à Lyon et il sera toujours temps d’intervenir quand nous aurons trop de touristes.

Là où le bât blesse, en revanche, c’est du côté des habitants, pas des touristes.

Il devient presque impossible, pour un ménage ou une famille normale, de se loger dans le centre de Lyon et Airbnb n’arrange pas les choses. On estime à 1.65% la hausse des prix de l’immobilier directemen­t liée à l’explosion d’Airbnb à Lyon, l’une des plus fortes croissance­s de France. Acheter un appartemen­t et le convertir en Airbnb est beaucoup plus rentable pour un propriétai­re que de le louer à l’ancienne. On comprend donc que les propriétai­res soient nombreux à choisir cette solution. Plus insidieuse, mais infiniment plus dangereuse à long terme, c’est cette inflation qu’il faut surveiller de près et enrayer sans tarder.

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