La Tribune de Lyon

C’est pas du Bergman. Joker, de Todd Phillips

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Avant Batman.

D’où vient le Joker, meilleur ennemi de Batman, son enfance, ses hobbies, son univers profession­nel ? On se doutait bien qu’il n’était pas échappé du cirque Pinder et qu’il n’avait pas de liens familiaux avec Ronald McDonald. Le réalisateu­r Todd Philips donne sa version des origines, et c’est terrifiant. Arthur Fleck est un loser, dans un Gotham City déjà ravagé par le chômage et les poubelles non ramassées

( « c’est évidemment une évocation du New York des années 1960- 70 » , nous glisse Jean- Claude Gaudin). Son rêve est de faire comique de stand- up, mais comme il n’est pas drôle, malgré un rire irrépressi­ble attribué à des problèmes neurologiq­ues, il survit en exerçant le rôle d’homme- sandwich déguisé en clown. On lui aurait bien conseillé de plagier Gad Elmaleh ou lui expliquer que des gens comme Patrick Sébastien et Michel Leeb sont restés, malgré tout, dans le camp du bien. Mais c’est trop tard, quand ses collègues de boulot ne l’humilient pas, il se fait taper dessus. De fait, peu à peu il se radicalise, fume trop, se maquille, tue des gens, surtout quand il pense être le fils caché du milliardai­re Thomas Wayne. Ce qui techniquem­ent en ferait le frère aîné de Bruce Wayne, le futur Batman, encore préado et déjà dénué de tout sens de l’humour. L’histoire du Joker ressemble à celle de Taxi Driver ou à celle d’un Dupont de Ligonnès qui réapparaît­rait plus puissant et plus meurtrier que jamais, avec une dimension sociale en plus : la révolte des Gilets jaunes. Cause sacrée du peuple ou révolte des mortsvivan­ts, on ne sait. Brillant et amoral.

de Todd Philips. Genre : pur jus, Joker réveille le goût ( États- Unis. 2 h 02). Avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz…

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