Culture et spectacles. Théâtre. Bellorini, pas encore convaincant

Futur directeur du TNP à Villeurbanne, Jean Bellorini était déjà sur la scène du théâtre de la Croix- Rousse la semaine dernière pour l’un de ses derniers spectacles, Un instant, d’après Marcel Proust. C’est tout à l’honneur du théâtre de la Croix- Rousse d’avoir été fidèle à Bellorini dès ses débuts et de le rester, mais, comme l’a résumé un spectateur croix- roussien en sortant ( véridique) : « Il y avait des passages de Proust mais il y avait quand même pas mal de baratin à côté » … C’est tout le problème : Hélène Patarot est une actrice émouvante mais aller croiser ses souvenirs personnels du Vietnam jusqu’à nous filer en pleine pièce l’adresse ( réelle) du meilleur resto vietnamien de la ville, et évoquer les Gilets jaunes, tient plus de la démagogie pure et simple que de l’adaptation, comme si Bellorini avait eu peur de faire confiance à la langue, sublime, de Proust. Maladresses. Et ouvrir son spectacle par Avec le temps de Léo Ferré ( deux fois), c’est non seulement très lourd, mais c’est surtout ne rien avoir compris à La Recherche et au Temps retrouvé : chez Proust, il s’agit de recréation avant tout, plus que de nostalgie. Reste que malgré ses maladresses, cet Instant fait preuve d’un incontestable savoir- faire, avec la présence d’un musicien sur scène auquel on aurait volontiers donné plus de place, et de belles lumières pour traduire le clair- obscur de cet « édifice du souvenir » . Pas le meilleur Bellorini donc : on espère qu’il fera mieux au TNP la saison prochaine, ou qu’il viendra avec un autre de ses spectacles au TNP, comme son Onéguine, créé au printemps dernier. À suivre.