La Tribune de Lyon

« Cette exposition à La Sucrière, c’est déjà un premier pas pour montrer à la ville ce qu’on est capable de faire »

- PAR CAROLINE SICARD PHOTO SUSIE WAROUDE

ANNABELLE MAUGER, réalisatri­ce de l'exposition Imagine Picasso.

Couillue. Rudy Ricciotti a eu cette sortie tonitruant­e lors de l’inaugurati­on d’Imagine Picasso :

« Annabelle, à première vue, elle a l’air fragile. Mais elle en a, des couilles ! » L’architecte a pointé juste. La frêle Annabelle Mauger est du genre à se battre jusqu’au bout. Comme quand en 2009, Cathédrale d’Images — la société

« d’image totale » qu’elle gérait avec son mari, le petit- fils d’Albert Plécy, créateur du site — est expulsée par la Mairie. Après des années de procès, le tribunal vient de condamner la commune des Bauxde- Provence à verser cinq millions d’euros à la société pour rupture illégale du bail commercial. Une victoire douce- amère pour Annabelle, qui a vu sa vie profession­nelle et personnell­e voler en éclats, mais n’a jamais renoncé à créer des exposition­s immersives. Comme avec Imagine Van Gogh qui part ce mois- ci à Montréal.

Une nouvelle cathédrale à Lyon.

En 2013, cette ancienne spécialist­e de livres d’art, devenue réalisatri­ce d’exposition­s immersives sur le tas, débarque à Lyon avec ses deux filles sous le bras. Un choix qui ne doit rien au hasard, puisque c’est dans la ville des Lumières qu’elle aimerait créer une nouvelle Cathédrale d’Images. Et après deux pistes infructueu­ses, Annabelle ne désespère pas de trouver un terrain pour réaliser son projet : « Cette exposition à La Sucrière, c’est déjà un premier pas pour montrer à la ville ce qu’on est capable de faire. »

Monstre d’architecte. Si elle n’a pas encore de terrain, Annabelle Mauger a déjà l’architecte. Avec un culot monstre, elle envoie un mail à Rudy Ricciotti en 2011 pour lui demander de réaliser sa nouvelle Cathédrale d’Images. « Une bouteille à la mer » à laquelle le créateur du Mucem répond favorablem­ent ! « Je l’ai invité à Cathédrale d’Images, il a été très ému. » En attendant de trouver un terrain, l’archi- star a accepté avec son agence de créer la scénograph­ie d’Imagine Picasso. « Picasso et Ricciotti se ressemblen­t, ce sont deux monstres de passions qui bouffent tout. »

Sortie de cadre. Mais une exposition immersive consacrée à Picasso ne se monte pas comme ça. Il a d’abord fallu convaincre la Succession Picasso de « sortir les tableaux de leur cadre » pour en projeter les détails sur des modules en forme d’origamis, imaginés par l’agence Ricciotti, et en plus à l’horizontal­e, bref de passer Picasso cul par- dessus tête ! Après avoir obtenu l’exclusivit­é d’une exposition immersive consacrée à Picasso, Annabelle s’est entourée d’une historienn­e de l’art, Androula Michaël, pour être sûre de ne faire aucun faux pas. Résultat, même Olivier Picasso, le petit- fils du peintre, a été bluffé par l’installati­on.

À l’horizontal­e. Déjà prévue pour New York et Madrid, la version lyonnaise d’Imagine Picasso possède une particular­ité : elle est présentée à l’horizontal­e.

« Avec Julien Baron, le coréalisat­eur, on nous a dit que c’était suicidaire de présenter l’installati­on à La Sucrière. Le lieu est bas de plafond et fait moins de 2 000 m2, on est loin des immenses espaces habituelle­ment choisis pour les exposition­s immersives. Mais toutes ces contrainte­s nous ont forcés à être créatifs » . Sur 32 minutes en continu, 3 360 images sont projetées, en suivant un scénario, au millimètre près sur les modules qui s’adaptent parfaiteme­nt aux lignes de fuite. Conseil de la réalisatri­ce : la visite doit se faire en marchant, pour entrer de plain- pied dans l’oeuvre de Picasso. Imagine Picasso, jusqu’au 19 janvier à La Sucrière, Lyon 2e. Du mardi au vendredi, de 10 h à 18 h, le week- end jusqu’à 19 h. De 9 à 12,90 €. lasucriere- lyon. com

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