La Tribune de Lyon

Mon déjeuner avec Grégory Cuilleron

- A. C.

Quand on a demandé à Grégory Cuilleron dans quel restaurant le jeune chef lyonnais souhaitait déjeuner pour cette interview, il n'a pas hésité une seconde.

« Nous pourrions aller chez Thomas, rue Laurencin » , nous a- t- il proposés par texto. Ce restaurant gastronomi­que à la devanture rouge est tenu par Thomas Ponson, une figure du quartier qui ne détient pas moins de cinq adresses rue Laurencin, et même un sixième établissem­ent, La Poissonner­ie, qui vient juste d'ouvrir rue de Fleurieu ( voir Tribune de Lyon no 722). Au menu : un savoureux homard, cochon fermier ou encore son désormais célèbre pain perdu en dessert. Grégory Cuilleron savoure ses plats un à un, sauce son assiette, mais n'oublie pas également de faire la conversati­on.

Un livre avec Alexis Jenni. Pas besoin d'insister en effet pour que ce grand fan de l'OL et des Beatles, vous lâche une petite info qui devrait forcément faire parler au- delà nos frontières lyonnaises. « Je vais sortir un livre sur le handicap en avril. Mais comme je galérais pour l'écrire, je suis allé trouver mon ancien prof de bio à Saint- Marc qui n'est autre que le prix Goncourt 2011 Alexis Jenni. C'est un bon ami » , lance, pas peu fier l'ancien candidat de Top Chef, qui évoque un livre sous la forme d'un grand entretien. « On s'est vu une dizaine de fois et il m'a interrogé sur des thématique­s bien précises comme la pratique du sport, le rapport à la séduction, aux amis… » Mais celui que l'on retrouve derrière les fourneaux des restaurant­s Cinq mains et Le Comptoir Cecil, reste surtout passionné par sa ville de coeur : Lyon. « Le seul endroit où je pourrai bouger, c'est l'Italie. Après il y a des villes que je trouve sympa pour un weekend en France, mais il n'y en a pas une seule qui arrive à la cheville de Lyon pour moi. »

02.04.1980

Naissance à Lyon.

02.2008

Premier gagnant d'Un dîner presque parfait sur M6.

03.2010

Devient ambassadeu­r de l'AGEFIPH.

2016

Ouverture du restaurant le Cinq Mains, avant Le Comptoir Cecil.

2019

Annonce son soutien à David Kimelfeld.

Mais qu’est- ce qui vous a donné envie de franchir le pas et de soutenir officielle­ment un candidat pour cette élection ?

Aux précédente­s municipale­s, aussi bien Michel Havard que Thomas Rudigoz, qui étaient opposés, m’avaient demandé de les soutenir. Mais je n’avais pas envie car je les aimais bien tous les deux. Mais plus ça va, plus je me dis que le bon échelon, c’est la politique locale et notamment au niveau de la Métropole. Car cette fameuse loi PLM apporte vraiment des pouvoirs intéressan­ts pour mener des projets d’ampleur.

Et Gérard Collomb dans tout ça ?

Je pense qu’il a fait de très bonnes choses, mais qu’à un moment il faut savoir s’arrêter. On a besoin d’un changement d’air et de méthode. Gérard Collomb dit qu’il veut encore faire de nouvelles choses, mais moi je me dis qu’il a eu 18 ans pour les faire ces nouvelles choses. Il en a fait beaucoup bien sûr, mais quand je vois qu’on met en urgence des bacs à fleurs dans le centre- ville, je suis beaucoup plus mesuré sur sa dimension écologique. Ce n’est pas quelqu’un qui est pour le tout voiture, mais je pense que c’est bien de changer les choses.

Vous voulez dire que ces bacs à fleurs représente­nt une démarche électorali­ste ?

J’ai tendance à penser que c’est une mesurette. Mon sentiment en tant que Lyonnais, c’est qu’on nous pose des bacs à fleurs rue Édouard- Herriot et qu’en même temps, nous sommes en train de refaire les places des Terreaux et de la République sans y ajouter le moindre brin d’herbe. Je pense qu’il y a d’autres endroits à végétalise­r en urgence plutôt que de mettre des bacs à fleurs. En revanche, je trouve que David Kimelfeld apporte de la nouveauté et en même temps, il a eu les commandes de la Métropole pendant deux ans, et j’aimerais bien voir maintenant ce que ça peut donner sur le plus long terme. Je trouve dommage que Gérard Collomb revienne dans l’arène pour l’affronter.

Faut- il qu’ils se mettent d’accord ?

Oui, et je pense que ça doit se régler à l’échelle lyono- lyonnaise. On n’a pas besoin des conseils de Paris. La République en marche a décidé d’investir Gérard Collomb mais je crois que David Kimelfeld doit aller jusqu’au bout. En fait, on a un peu l’impression d’être dans la situation d’un divorce où il faut choisir entre Papa et Maman.

Qui est Papa et qui est Maman ?

( Rires) Je ne me prononcera­i pas ! Ça va m’attirer des problèmes, sinon.

Vous n’avez pas peur que votre clientèle vous fasse payer votre engagement politique ?

Même si je réponds déjà beaucoup présent à des initiative­s autour de la gastronomi­e et du handicap, il est clair que cet engagement politique peut être quelque chose qui me retombe sur le coin de la figure. Mais je ne m’engage pas non plus pour le Rassemblem­ent national. Quand vous restez modéré, vous avez le droit d’avoir des opinions. Et puis pour moi, c’est très important de s’engager politiquem­ent. Je vais avoir 40 ans et j’ai une idée plus précise, je crois, de ce que je suis. Ces trois derniers mandats, il n’y avait pas trop d’enjeux avec cette répartitio­n bipartite. Cette fois- ci, il y a une refonte politique avec des enjeux nouveaux comme l’écologie et il y a un gars qui se pointe, qui a fait du bon boulot jusqu’à présent, qui a une vraie dimension humaine avec un parcours et qui n’est pas un parcours de politique profession­nel. Je me suis donc dit que ça serait dommage que ça ne soit pas lui. Mais, il n’y a pas de calcul politique de ma part. La politique m’intéresse mais je n’ai pas d’ambitions politiques.

Et un poste de vice- président à la Métropole dans l’équipe de Kimelfeld, cela ne vous tente pas ?

Pas du tout. Mais je ne m’interdis pas d’être sur la liste. J’aimerais plutôt être conseiller municipal ou métropolit­ain pour pouvoir voter les projets. Mais je n’ai pas non plus envie de renoncer à ma vie actuelle, car je veux continuer à cuisiner et à m’engager en faveur du handicap. J’ai envie d’être au contact des gens tout en étant un citoyen qui a le droit de participer directemen­t à la vie politique. L’archétype du citoyen grec en fait. Je suis issu de la société civile et je pense que j’ai des trucs à dire. J’interviens très souvent dans des écoles pour parler du bien manger et du handicap. David Kimelfeld a d’ailleurs fait des réunions thématique­s sur l’alimentati­on auxquelles j’ai beaucoup participé.

Qui est venu à l’autre finalement ?

C’est moi qui en ai parlé au député Thomas Rudigoz, duquel je suis très proche. C’est quelqu’un dont la porte est toujours ouverte. On s’appelle une à deux fois par mois au téléphone et on parle de politique. On échange beaucoup et un jour, je lui ai dit que ça m’intéressai­t de participer à mon niveau aux municipale­s. C’était en décembre ou janvier dernier et j’ai dit à Thomas que si David Kimelfeld y allait, j’étais des leurs.

Avec votre engagement, le but est que la jeune génération s’intéresse à nouveau à la politique ?

Je me garde bien de donner des leçons à quiconque, mais je pense que l’avenir de la politique reste la société civile. Moi, je suis pour qu’un élu n’ait pas le droit de faire plus de deux mandats successifs pour le même poste, mais qu’il ait le droit d’en faire des différents. Je crois que j’incarne une génération qui a du mal à trouver sa place mais qui a des choses à dire. Je pense qu’à 40 ans, il faut commencer à prendre des responsabi­lités et dire aux gens, “engagez- vous ! ” Ça me rend fou de voir les taux d’abstention aux élections. On a le droit de ne pas être d’accord, mais à condition d’avoir voté !

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