La Tribune de Lyon

« Une situation à la parisienne est un scénario possible »

Éric Verrax est président de l’observatoi­re du Cecim ( Centre d’études de la conjonctur­e immobilièr­e).

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Cette année, seuls les territoire­s extérieurs à la Métropole de Lyon connaissen­t une augmentati­on du nombre de logements en vente. Et récemment, un profession­nel du BTP a dit qu’on allait bientôt devoir aller habiter à Mâcon. En est- on vraiment là ?

« ( Longue réflexion).

Il y a plusieurs points : le premier, c’est que c’est une réflexion juste. L’offre commercial­e croît de 40 % hors Métropole, et diminue de

14 % à l’intérieur. En même temps, l’offre commercial­e globale de la métropole reste bien supérieure à l’offre extérieure, qui représente seulement quelques centaines de logements. Mais si on prend un peu de recul, on a tous les ingrédient­s pour que la hausse des prix, à peu près contenue, devienne encore supérieure. Il y a vingt ans, les marges c’était Vénissieux ou Vaulx- en- Velin. Demain ce peut être Saint- Étienne.

Vraiment ?

Au centre- ville, on est pas loin du prix du terrain à Lyon ! Ça devrait faire réfléchir. Vous avez aussi Mâcon effectivem­ent, puisqu’il faut vingt minutes pour venir à Lyon en TGV quand il en faut

40 en voiture depuis Saint- Cyr- auMont- d’Or. Ou encore Chambéry, l’Isle- d’Abeau, la Côtière, Valence, Vienne… Après c’est une question de transports. Autre avantage de ces territoire­s : on est très loin des prix lyonnais et en général ces communes ont du foncier disponible, ce qui évite d’aller « manger » des terres agricoles ou naturelles.

Si vous considérez qu’aujourd’hui la hausse des prix est contenue, un scénario à la parisienne, où les tarifs atteignent les 10 000 euros du mètre carré, est- il un risque ?

Ce n’est pas un risque, mais un scénario possible. Pour l’éviter, des choses peuvent se faire, la Métropole dispose de nombre d’outils. Je dis qu’aujourd’hui les tarifs sont contenus car sur 20 ans, les prix ont doublé. Mais avec l’inflation, l’augmentati­on du pouvoir d’achat, la baisse des taux… C’est environ un tiers de l’augmentati­on qui reste à la charge des ménages. Après, on dit : « c’est cher » . D’abord, il ne faut pas oublier que Lyon est bien couvert en logements sociaux. Ensuite, c’est une équation impossible à résoudre. Aucun facteur ne va dans le sens d’un ralentisse­ment, et de plus en plus de gens veulent venir en ville. Or, il y a vingt ans, l’élastique tirait dans l’autre sens : on voulait sa villa pas trop loin du centre- ville. Depuis, c’est l’inverse. Mais est- ce qu’on a vraiment tous besoin d’habiter en Presqu’île ? Lyon est presque victime de s’appeler toujours « Lyon » .

C’est- à- dire ?

Entre 1998 et aujourd’hui tout a changé à Lyon, sauf le nom. Ce n’est plus la même ville, on a créé des milliers d’emplois, des sièges d’entreprise­s internatio­nales se sont implantés... Les études montrent qu’un tiers des gens hors de la Métropole veulent y aller ! Une des solutions passe peut- être par le récit autour de la ville : ce n’est pas parce qu’on n’habite pas dans la Presqu’île qu’on est mal soignés, qu’on n’a pas accès à un bon emploi ou à une bonne fac. Saint- Étienne est emblématiq­ue pour ça : ce n’est pas Bergues, la ville des ch’tis ! Si les gens comprennen­t qu’on peut être heureux ailleurs qu’en ville intramuros, on aura aussi gagné en partie. »

investir. D’ailleurs, les chiffres démontrent cette année une plus forte proportion d’ acquéreurs habitants que par le passé, par rapport aux investisse­urs purs. Ces derniers sont en baisse de 19 % sur les premiers mois de l’année. Les acquéreurs- occupants représente­nt eux 59 % des réservatio­ns sur le secteur marchand. La cause ? Puisque les tarifs sont chers, le rendement y est plus hasardeux à trouver. « On a perdu une partie de la clientèle dans l’investisse­ment locatif privé, il y a moins de défiscalis­ation, de loi Pinel, les prix sont bien trop chers » , confirme Alexandre Schmidt. « Avec des appartemen­ts à 6 500 euros du mètre carré, comment voulez- vous être rentable ? Dans le neuf, vous allez voir un rendement à 3 %, d’où un report vers l’ancien. » Ou vers les extérieurs de Lyon, comme… Mâcon ( lire page précédente).

Piste alternativ­e : investir dans d’autres types de biens : les studios, par exemple. « D’ici 2025 on attend 25 000 étudiants de plus sur Lyon. C‘ est demain ! Or, construire des résidences étudiantes, ça prend du temps. Il pourrait donc y avoir une tension sur ce marché- là. » Ça tombe bien, les petits appartemen­ts sont les plus chers au mètre carré à la location : 19 euros dans Lyon intramuros. À garder en tête.

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