La Tribune de Lyon

« Nous sommes mobilisés pour calmer les ardeurs de nos élus sur la taxe foncière »

Laurent Brossier est directeur de l’UNPI Lyon Métropole et Rhône ( Union nationale des propriétai­res immobilier­s).

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La situation est tendue sur Lyon, est- on proche de la crise ?

« Non ce n’est pas la crise. Pour des investisse­urs parisiens, où le prix au mètre carré a dépassé les 10 000 euros, Lyon n’est pas si cher ! Après, c’est vrai que la rentabilit­é pèche. Mais elle se trouvera dans le très long terme : il faut au moins 25 ans, voire 30 ans pour échapper aux plus- values immobilièr­es. Et c’est un investisse­ment toujours moins risqué que la Bourse. Mais où la fiscalité est toujours plus lourde…

Lyon fait- elle partie des mauvaises élèves à ce titre ?

Non, on est encore raisonnabl­es ! Dans notre observatoi­re des taxes foncières, on voit que cela ne cesse d’augmenter. Mais on est en dessous des augmentati­ons qu’ont pu connaître d’autres contribuab­les ailleurs. Sur cinq ans, l’évolution de la taxe foncière dans le Rhône est de + 5,68 % alors que la moyenne nationale est de 10,8 %.

Même sur dix ans, l’augmentati­on nationale est de + 34,7 % et dans le Rhône de 29,11 %. On n’a pas trop à se plaindre.

Pourtant les perspectiv­es dans les années à venir sont incertaine­s, voire inquiétant­es…

Le projet de loi de finances 2020 prévoit une réforme de la fiscalité locale pour compenser la perte de recettes de la suppressio­n de la taxe d’habitation. Cela va être étalé dans le temps, avec un début en 2023 et une applicatio­n en 2026 pour une imposition sur 2027. Il y a la révision générale des valeurs locatives des locaux d’habitation, et le transfert aux communes de la part départemen­tale de la taxe foncière. On sait pertinemme­nt que sur la taxe foncière, les élus se sont calmés à la veille des élections. Mais à partir de l’année prochaine ils auront à appliquer la nouvelle fiscalité.

Qu’est- ce qui se profile ?

On ne sait pas encore à quelle sauce les propriétai­res vont êtres mangés pour les années à venir, d’où notre souhait d’un pacte de fiscalité entre l’État, les collectivi­tés et les propriétai­res. Nous voulons éviter une flambée des taxes qui concernera­it à la fois propriétai­res investisse­urs et occupants. C’est un peu fou, mais on taxe plus facilement ce qui n’est pas délocalisa­ble… Or être propriétai­re c’est lourd fiscalemen­t et réglementa­irement : rénovation énergétiqu­e, thermique, normes d’accessibil­ité… Et tout ce qu’on ne sait pas encore. Il y a de quoi s’interroger, d’où notre mobilisati­on pour freiner les ardeurs de nos élus. Nous avons notamment demandé le gel de la revalorisa­tion annuelle des bases d’imposition, de la taxe foncière, d’être associés aux réformes, et aux candidats de geler la fiscalité de la collectivi­té dont ils auront la charge. »

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