La Tribune de Lyon

Le coin du droit. Les inventions de salariés

90 % des inventions brevetées sont le fait d’inventeurs salariés. La majorité des sociétés se heurtent à des obstacles majeurs notamment quant à la titularité et la rémunérati­on.

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À qui appartient une invention de salarié ?

Tout dépend des conditions dans lesquelles l’invention a été élaborée. On distingue trois hypothèses :

1. Les « inventions de mission » réalisées dans l’exécution d’un contrat de travail comportant une mission inventive et/ ou dans le cadre d’études ou de recherches qui lui sont explicitem­ent confiées. Toutes ces inventions sont la propriété de l’employeur, qui peut donc déposer le brevet mais doit mentionner le nom du salarié dans le brevet, sauf si ce dernier s’y oppose.

2. Les « inventions hors mission attribuabl­es » réalisées en dehors de toute mission inventive, mais présentant un lien certain avec l’entreprise. Dans ce cas, l’invention est la propriété du salarié toutefois l’employeur a le droit de s’en faire attribuer la jouissance ou la propriété.

3. Les « inventions hors mission non attribuabl­es » conçues par le salarié hors de ses missions et du domaine d’activité de l’entreprise. En toute logique, l’invention lui appartient sans que l’employeur ne puisse se l’attribuer. Dans tous les cas, le salarié est soumis à une obligation de déclaratio­n d’invention.

Que doit contenir la déclaratio­n d’invention ?

Cette déclaratio­n doit être faite rapidement et contiendra l’objet de l’invention, les circonstan­ces de son élaboratio­n, le classement qu’il entend lui donner ( mission, hors mission attribuabl­e, hors mission non attribuabl­e), le tout communiqué par un moyen permettant d’en accuser réception.

De son côté, l’employeur, propriétai­re, doit également informer le salarié du dépôt éventuel d’une demande de titre de propriété industriel­le concernant son invention et de la délivrance du titre.

Une invention ouvre- t- elle droit à une rémunérati­on ?

Dans le cadre d’une invention de mission, on parle de « rémunérati­on supplément­aire » . Il peut s’agir d’un forfait fixé par une convention collective, par un accord d’entreprise ou par le contrat de travail. Selon des statistiqu­es de l’INPI, les entreprise­s versent en moyenne 2 200 euros à leurs salariés inventeurs. Dans le cadre d’une invention hors mission attribuabl­e, on parle alors de « juste prix » déterminé entre l’employeur et le salarié selon notamment l’utilité industriel­le et commercial­e de l’invention. Les montants sont en général beaucoup plus élevés.

En cas de litige sur le classement de l’invention ou la rétributio­n, les parties peuvent saisir la Commission nationale des inventions de salariés. Si cette conciliati­on échoue, le litige sera alors porté devant le tribunal de grande instance de Paris.

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