La Tribune de Lyon

Le grand Katerine

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Il a un nom féminin en hommage à la grande prêtresse du cinéma français, et une voix étonnammen­t de plus en plus androgyne avec l’âge, comme s’il s’envolait vers toujours plus de liberté. En plus d’être devenu l’un des seconds rôles les plus populaires, comme l’a prouvé son César, Philippe Katerine poursuit son bonhomme de chemin intime dans la chanson avec la même singularit­é depuis son tube Louxor. Aujourd’hui, avec ses Confession­s, il réussit une merveille qui croise sa légèreté chaloupée, son appétit gaguesque, et une veine intime assez grave, voire politiquem­ent inquiète ( Raphaël), habité de purs moments de grâce comme en faisant chanter ses enfants « la mort rend les gens beaux » pour les préparer au pire en douceur.

Millefeuil­le.

Le portrait de société a la même acuité, des gens qui parlent trop pour ne rien dire à la colère sociale qui, l’air de rien, traverse tout l’album. Les arrangemen­ts foisonnant­s sous la simplicité des cordes symphoniqu­es aux synthés luisants, en font un millefeuil­le passionnan­t dont on n’a pas fini de lécher les couches, et qui devrait trouver un exutoire particuliè­rement fertile sur scène. Autoportra­it familial ouvert aux quatre vents qui se lèvent à travers le monde, Confession­s est une pure merveille, drôle, émouvante, inventive jusque dans sa forme cinématogr­aphique, convoquant même la voix de Gérard Depardieu. L’album de la maturité de celui qui accepte d’être vieux en embrassant plus grand que lui, sans jamais être adulte. En « pantalon Deschiens » ou en short en jean déchiré, on a hâte de le retrouver sur la scène du Transbo, pour son plus beau joyau depuis Robots après tout et sa tournée mythique avec The Little Rabbits. LUC HERNANDEZ

Philippe Katerine, Confession­s. Jeudi 12 décembre à minuit au Transborde­ur. 30 €. transborde­ur. fr

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