La Tribune de Lyon

La descente aux enfers de l'OL

- ANTOINE COMTE RÉDACTEUR EN CHEF

Comment en est- on arrivé là ? C'est la question que se posent désormais, désespérés, tous les supporteur­s de l'OL après chaque rencontre disputée par leur club.

Après le départ mouvementé de l'entraîneur Bruno Genesio, l'arrivée du duo brésilien Sylvinho- Juninho, un recrutemen­t de qualité, et deux premiers matches plus que convaincan­ts, on avait bon espoir que l'équipe de Jean- Michel Aulas réalise une très grande saison. Certains voyaient même l'OL titiller le géant parisien pour le titre de champion de France… Mais ça, c'était avant. Depuis la fin du mois d'août, l'équipe lyonnaise qui est aujourd'hui 8e de Ligue 1 à 17 points du PSG et déjà six points du podium, a entamé une progressiv­e descente aux enfers. Après avoir perdu plusieurs cadres, comme Fekir, vendus à prix d'or aux meilleurs clubs européens, l'OL a dû également se séparer de son nouvel entraîneur Sylvinho, remplacé par le très controvers­é ex- coach de Marseille, Rudi Garcia. Un remplaceme­nt qui n'aura rien changé : les Lyonnais continuent d'enchaîner les contre- performanc­es, avec un inquiétant bilan de sept défaites en 18 matches de championna­t, dont quatre à domicile. Pire, les joueurs sont aujourd'hui aussi en conflit ouvert avec une bonne partie des supporteur­s, qui n'ont pas hésité à descendre sur la pelouse pour s'en prendre notamment au défenseur Marcelo après la qualificat­ion miraculeus­e en 8e de finale de la Ligue des Champions.

Et comme l'OL semble bien parti pour faire perdurer la malédictio­n, deux des meilleurs joueurs de l'équipe devraient rester éloignés des terrains jusqu'à la fin de la saison en raison de graves blessures contractée­s lors du dernier match, évidemment perdu contre Rennes.

Espérons que la trêve hivernale permettra aux dirigeants du club de trouver enfin la bonne équation. Il en va de l'honneur d'une ville qui n'imagine pas une seule seconde son club de jouer désormais le milieu de tableau.

rande nouvelle : le mouvement MeToo a trouvé son équivalent en Tunisie : EnaZeda. Quel rapport avec Lyon ? Un post Facebook du 3 décembre sur le groupe EnaZeda : « (...) les Normalienn­es de Tunis se soulèvent (...) pour dénoncer Aymen Hacen, un professeur de français, harceleur, qui malgré les nombreuses plaintes, enseigne encore et bénéficie d’une impunité inexplicab­le et inacceptab­le depuis des années. » Les accusation­s fusent contre l’homme de lettres et son nom traverse la Méditerran­ée jusqu’à échouer entre Rhône et Saône où le harceleur présumé a fréquenté… l’ENS de Lyon entre 2006 et 2008. Sa colocatair­e de l’époque, la linguiste Laélia Véron décide de raconter son expérience sur Twitter : « Je connais deux personnes qui l’ont accusé de viol (+ multiples accusation­s

Gde harcèlemen­t et d’agressions). Il y a eu plusieurs mains courantes, une plainte, et l’école n’a à peu près rien fait (...) » , écrit- elle. L’une des victimes aurait porté plainte en 2007 dans un commissari­at lyonnais, accompagné­e par Laélia Véron et l’autre colocatair­e d’Hacen qui précise : « Un médecin a attesté qu’il y avait eu des violences physiques et psychologi­ques à son encontre. » Mais la plainte est classée sans suite. D’autres histoires lyonnaises resurgisse­nt alors, dont celle de la sociologue Abir Krefa qui voulait l’interviewe­r pour sa thèse en 2006 : « Il a été envahissan­t physiqueme­nt, m’a embrassée par surprise (...) »

À l’époque, les accusation­s s’empilent mais restent souvent des bruits de couloir. « En première année (...) je me suis retrouvée avec Aymen Hacen ( en résidence étudiante, NDLR).

Il a immédiatem­ent essayé de me séduire, de me toucher, de m’embrasser, j’ai dû le repousser plusieurs fois, et il ne s’est arrêté qu’en apprenant que j’avais un compagnon » , nous précise Laélia Véron. À Lyon, les témoins et victimes présumées pensaient tout cela derrière elles, mais le soulèvemen­t de l’ENS Tunis, associé à la vélocité propre aux réseaux sociaux, réveillent l’histoire non soldée : aucune procédure disciplina­ire n’aurait été lancée. En 20072008, « l’ENS lui a demandé de partir de la résidence étudiante, mais (...) j’ai dû vivre avec lui pendant des semaines, alors qu’il savait que j’avais aidé les victimes et qu’il essayait de m’intimider physiqueme­nt et me menaçait. Ça a été très dur à vivre » , rembobine Laélia Véron. De son côté, Aymen Hacen a toujours nié les faits, à Lyon comme à Tunis où une pétition circule sur Internet pour dénoncer « des pratiques harcelante­s et intimidant­es » à la direction de l’ENS Tunis.

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