La Tribune de Lyon

« Nous restons le premier co nseil des chefs d’entreprise »

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS SAPY

« J’espère que nous aurons de plus en plus d’associatio­ns d’avocats et experts- comptables indépendan­ts. »

Damien Dreux est le président de l’Ordre des expertscom­ptables en Rhône- Alpes. Pour Tribune de Lyon, il évoque les changement­s à l’oeuvre dans un métier qui garde ses spécificit­és.

Comment vont les expertscom­ptables de la région ?

La conjonctur­e est plutôt favorable, mais notre profession fait face à plusieurs préoccupat­ions. La principale est la loi Pacte, qui entre en applicatio­n cette année. Pour les experts- comptables, qui sont aussi majoritair­ement des commissair­es aux comptes, cette loi se traduira par la suppressio­n de 50 % des mandats d’audit légal à un horizon de cinq années. J’espère que cela ne signifie pas que 50 % des commissair­es aux comptes vont cesser leur activité…

Les chefs d’entreprise, eux, vont pouvoir faire des économies sur ce poste, c’est plutôt une bonne chose…

Au contraire, cela risque d’avoir un impact très négatif sur le tissu économique. Le rôle des commissair­es aux comptes est de certifier la sincérité des bilans avec une responsabi­lité très engagée. Quand il n’y aura plus d’auditeurs indépendan­ts dans les entreprise­s, il y aura un risque de comptes insincères, ce qui va poser un problème pour l’économie et la confiance en général.

Quelles sont les conséquenc­es concrètes sur l’activité des experts- comptables ?

Le commissari­at aux comptes représente environ 10 % de notre activité. Cela signifie que d’un trait de plume, 5 % de notre activité risque de disparaîtr­e d’ici à cinq ou six ans. Cette réduction du marché va forcément accroître la concurrenc­e, et donc avoir des effets négatifs sur la profession.

Mais la loi Pacte ouvre aussi de nouvelles perspectiv­es à votre profession…

Le point positif, c’est la prise en compte que certaines avancées correspond­ent à l’évolution de nos pratiques sur le terrain, car nous sommes de moins en moins comptables et de plus en plus experts. Par exemple, nous pouvons facturer des honoraires de succès pour des missions comme le recrutemen­t ou le recouvreme­nt de créance, instaurer un mandat de paiement, qui nous donne la possibilit­é de payer pour le compte des clients lorsqu’ils veulent régler leurs fournisseu­rs ou mettre en place des compétence­s spécialisé­es techniques ou sectoriell­es… Cela permettra aussi de comprendre que l’on fait bien d’autres choses que de la comptabili­té, même si cela reste notre matière première. En termes d’activité, ces avancés auront du mal à compenser la perte des mandats.

On constate depuis quelques mois que des expertscom­ptables prennent le contrôle de gros cabinets d’avocats lyonnais. Le mouvement va- t- il s’accélérer ?

Nous sommes les premiers conseiller­s des entreprise­s, c’est indéniable. C’est le modèle économique des experts- comptables qui veut cela, car nous avons beaucoup plus de revenus récurrents que les avocats, qui fonctionne­nt davantage avec des opérations ponctuelle­s. Objectivem­ent, un expert- comptable amène plus d’affaires à un avocat que l’inverse. En revanche, nos compétence­s sont vraiment complément­aires pour nos clients, et je pense, et j’espère que nous aurons de plus en plus d’associatio­ns d’avocats et experts- comptables indépendan­ts.

Vous pensez que les profession­s vont se rapprocher à terme ?

Non, car même avec des nouveaux outils juridiques comme les SPE ( société pluriprofe­ssionnelle­s d’exercice), nos profession­s gardent leurs spécificit­és. C’est un outil supplément­aire, pour offrir une palette de services plus importante à nos clients.

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