Transports.
Bilan de la piétonnisation : ce n’est pas la révolution !
Le bilan de la piétonnisation de la Presqu’ile dévoilé mardi dernier laisse apparaître des résultats, au premier regard, attendus : satisfaction ( calme, sérénité) de ceux qui y ont participé, très sensible baisse ( entre 1 et 3 dB) du niveau sonore ou encore forte décroissance du trafic voiture (- 75 % les samedis, - 62 % en semaine). Mais au- delà de ce constat, le bilan est nuancé. Les essais en semaine ne sont pas concluants : retours commerçants mitigés, davantage de congestions aux parkings, augmentation des tensions aux entrées du périmètre avec pas moins de cinq agressions et une plainte pour coups et blessures. Et surtout, aussi satisfaisante qu’ait été l’expérience vécue, elle n’a rien bouleversé. Les usagers sont peu ou prou les mêmes, avec une légère hausse des purs « visiteurs » . Certes, cela n’a pas entraîné de reports de bouchons à l’extérieur du périmètre, et l’enfer qui pouvait être craint ne s’est pas manifesté. Mais ceux qui cherchaient à se garer en surface sont toujours là. Certes, ils ne sont pas nombreux : sur 22 % qui roulent jusqu’en Presqu’Île, 10 % se garent en surface un samedi normal et… 7 % un samedi de piétonnisation. ( 40 % des visiteurs viennent en transports en commun, 30 % à pied).
Ce qui a fait dire à Bernard Colombaud, président du comité d’intérêt local : « le problème en ville c’est le stationnement résidentiel. Or il n’a pas été traité dans l’expérimentation ! » Quant aux commerçants, dont trois structures ont effectué des sondages ( CCI, My Presqu’Île et l’association Mouvement Carré Nord), ils se rejoignent sur le caractère très mitigé, voire négatif des retours. Une raisonnable proportion accuse des baisses de chiffres d’affaires ( notamment le haut de gamme dont les clients viennent de plus loin et en voiture). Et les avis des commerçants sur la piétonnisation se sont dégradés au fil des essais.
D’où de grosses pincettes prises par les élus pour tirer des conclusions. Il s’agit donc clairement d’une expérience sur laquelle il faut se baser pour se remettre autour de la table et repenser la Presqu’Île dans son ensemble avant de remettre le couvert. « La piétonnisation pour la piétonnisation, ce n’est pas suffisant » a conclu David Kimelfeld, glissant au passage la possibilité de tester quand même « des week ends complets » .