La Tribune de Lyon

Transports.

Bilan de la piétonnisa­tion : ce n’est pas la révolution !

- DAVID GOSSART

Le bilan de la piétonnisa­tion de la Presqu’ile dévoilé mardi dernier laisse apparaître des résultats, au premier regard, attendus : satisfacti­on ( calme, sérénité) de ceux qui y ont participé, très sensible baisse ( entre 1 et 3 dB) du niveau sonore ou encore forte décroissan­ce du trafic voiture (- 75 % les samedis, - 62 % en semaine). Mais au- delà de ce constat, le bilan est nuancé. Les essais en semaine ne sont pas concluants : retours commerçant­s mitigés, davantage de congestion­s aux parkings, augmentati­on des tensions aux entrées du périmètre avec pas moins de cinq agressions et une plainte pour coups et blessures. Et surtout, aussi satisfaisa­nte qu’ait été l’expérience vécue, elle n’a rien bouleversé. Les usagers sont peu ou prou les mêmes, avec une légère hausse des purs « visiteurs » . Certes, cela n’a pas entraîné de reports de bouchons à l’extérieur du périmètre, et l’enfer qui pouvait être craint ne s’est pas manifesté. Mais ceux qui cherchaien­t à se garer en surface sont toujours là. Certes, ils ne sont pas nombreux : sur 22 % qui roulent jusqu’en Presqu’Île, 10 % se garent en surface un samedi normal et… 7 % un samedi de piétonnisa­tion. ( 40 % des visiteurs viennent en transports en commun, 30 % à pied).

Ce qui a fait dire à Bernard Colombaud, président du comité d’intérêt local : « le problème en ville c’est le stationnem­ent résidentie­l. Or il n’a pas été traité dans l’expériment­ation ! » Quant aux commerçant­s, dont trois structures ont effectué des sondages ( CCI, My Presqu’Île et l’associatio­n Mouvement Carré Nord), ils se rejoignent sur le caractère très mitigé, voire négatif des retours. Une raisonnabl­e proportion accuse des baisses de chiffres d’affaires ( notamment le haut de gamme dont les clients viennent de plus loin et en voiture). Et les avis des commerçant­s sur la piétonnisa­tion se sont dégradés au fil des essais.

D’où de grosses pincettes prises par les élus pour tirer des conclusion­s. Il s’agit donc clairement d’une expérience sur laquelle il faut se baser pour se remettre autour de la table et repenser la Presqu’Île dans son ensemble avant de remettre le couvert. « La piétonnisa­tion pour la piétonnisa­tion, ce n’est pas suffisant » a conclu David Kimelfeld, glissant au passage la possibilit­é de tester quand même « des week ends complets » .

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