Économie.
Ubérisation : Lyon forcée de tout réinventer ?
« La tendance est au CDI, ou à la contractualisation, donc de ne plus faire appel à des indépendants. »
Livraisons, taxis, auto- écoles, recharge de trottinettes mais aussi avocats… Les métiers « ubérisés » sont de plus en plus nombreux et Lyon n’y échappe pas. Tour d’horizon de la situation sur un territoire d’ expérimentation pour le meilleur comme pour le pire.
C’est peut- être l’exemple le plus flagrant de la lutte intestine qui secoue l’économie lyonnaise depuis des mois, voire des années : Traboulotte, l’alternative éthique à la livraison de repas, réplique aux Deliveroo et Uber Eats, a baissé le rideau l’été dernier. Initiative associative saluée de tous, elle visait à offrir un statut CDI à ses livreurs tout en respectant des conditions de travail correctes. À l’opposé de la course aux chiffres et au suivi, voire au flicage démesuré des autres plateformes. Las, elle n’est pas parvenue à atteindre la masse critique nécessaire pour devenir viable.
Échec retentissant. Pourtant, la tendance à sortir de la jungle des bullshit jobs et à chercher des modèles plus vertueux gagne du terrain. En témoigne la situation des trottinettes en free floating dans Lyon. Au départ, toutes tablaient sur des autoentrepreneurs qui empilaient les trotts et les chargeaient à la maison sur multiprise. Progressivement, le milieu est en train de se structurer : entrepôts et lieux de stockage certifiés ( comme pour Dott à Villeurbanne et Lime à Vénissieux) ou encore passage au mode CDI comme pour Flash/ Circ… Avec un échec retentissant : en août dernier, l’antenne lyonnaise de Circ a fermé, laissant une quarantaine de salariés ( dont certains arrivaient justement de l’univers
de la livraison de nourriture à domicile…) sur le carreau. Vers une réduction de l’ubérisa
tion des trottinettes. Néanmoins, avec une réduction progressive par tous les opérateurs de la rémunération des chargeurs, le modèle pourrait devenir de moins en moins attrayant. Pierre, chargeur et boulanger lyonnais, considère toutefois « que cela reste un complément de salaire. J’ai dû réorganiser ma stratégie mais on peut encore faire du chiffre sans trop s’embêter. Cependant, j’en connais qui font de la recharge et du Uber Eats ou du Deliveroo ! » Grégoire Hénin, vice- président lyonnais de la Fédération des professionnels de la micro- mobilité, confirme la tendance. « En ce qui concerne le statut des juicers, cela évolue en effet vers une diminution de “l’ubérisation ” avec la volonté des sociétés de free floating d’accompagner leur développement dans un cadre social mieux défini. Alors qu’on ne peut pas remettre complètement en cause l’utilisation des prestataires indépendants qui apportent de la flexibilité nécessaire au démarrage, la tendance est au CDI, ou à la contractualisation avec des entreprises au format juridique