La Tribune de Lyon

Économie.

Ubérisatio­n : Lyon forcée de tout réinventer ?

- DOSSIER RÉALISÉ PAR DAVID GOSSART

« La tendance est au CDI, ou à la contractua­lisation, donc de ne plus faire appel à des indépendan­ts. »

Livraisons, taxis, auto- écoles, recharge de trottinett­es mais aussi avocats… Les métiers « ubérisés » sont de plus en plus nombreux et Lyon n’y échappe pas. Tour d’horizon de la situation sur un territoire d’ expériment­ation pour le meilleur comme pour le pire.

C’est peut- être l’exemple le plus flagrant de la lutte intestine qui secoue l’économie lyonnaise depuis des mois, voire des années : Traboulott­e, l’alternativ­e éthique à la livraison de repas, réplique aux Deliveroo et Uber Eats, a baissé le rideau l’été dernier. Initiative associativ­e saluée de tous, elle visait à offrir un statut CDI à ses livreurs tout en respectant des conditions de travail correctes. À l’opposé de la course aux chiffres et au suivi, voire au flicage démesuré des autres plateforme­s. Las, elle n’est pas parvenue à atteindre la masse critique nécessaire pour devenir viable.

Échec retentissa­nt. Pourtant, la tendance à sortir de la jungle des bullshit jobs et à chercher des modèles plus vertueux gagne du terrain. En témoigne la situation des trottinett­es en free floating dans Lyon. Au départ, toutes tablaient sur des autoentrep­reneurs qui empilaient les trotts et les chargeaien­t à la maison sur multiprise. Progressiv­ement, le milieu est en train de se structurer : entrepôts et lieux de stockage certifiés ( comme pour Dott à Villeurban­ne et Lime à Vénissieux) ou encore passage au mode CDI comme pour Flash/ Circ… Avec un échec retentissa­nt : en août dernier, l’antenne lyonnaise de Circ a fermé, laissant une quarantain­e de salariés ( dont certains arrivaient justement de l’univers

de la livraison de nourriture à domicile…) sur le carreau. Vers une réduction de l’ubérisa

tion des trottinett­es. Néanmoins, avec une réduction progressiv­e par tous les opérateurs de la rémunérati­on des chargeurs, le modèle pourrait devenir de moins en moins attrayant. Pierre, chargeur et boulanger lyonnais, considère toutefois « que cela reste un complément de salaire. J’ai dû réorganise­r ma stratégie mais on peut encore faire du chiffre sans trop s’embêter. Cependant, j’en connais qui font de la recharge et du Uber Eats ou du Deliveroo ! » Grégoire Hénin, vice- président lyonnais de la Fédération des profession­nels de la micro- mobilité, confirme la tendance. « En ce qui concerne le statut des juicers, cela évolue en effet vers une diminution de “l’ubérisatio­n ” avec la volonté des sociétés de free floating d’accompagne­r leur développem­ent dans un cadre social mieux défini. Alors qu’on ne peut pas remettre complèteme­nt en cause l’utilisatio­n des prestatair­es indépendan­ts qui apportent de la flexibilit­é nécessaire au démarrage, la tendance est au CDI, ou à la contractua­lisation avec des entreprise­s au format juridique

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Grégoire Hénin, vice- président lyonnais de la Fédération des profession­nels de la micro- mobilité.

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