La Tribune de Lyon

À l’affiche.

Sabine Quindou, le gai savoir

- PAR CAROLINE SICARD PHOTO SUSIE WAROUDE

L’ex- animatrice de C’est pas sorcier, aujourd’hui réalisatri­ce de documentai­re, présente à l’Auditorium son quatrième spectacle musical destiné au grand public, Petit Guide illustré de la grande musique.

C’est toujours pas sorcier. Avec son sourire et son enthousias­me éclatant, pour beaucoup elle reste Sabine, l’ancienne animatrice de C’est pas sorcier au côté du truculent duo Fred et Jamy. Un qualificat­if qui n’a pas l’air de gêner cette Martiniqua­ise installée à Lyon, qui a pourtant tracé sa route depuis la fin de l’émission scientifiq­ue destinée aux plus jeunes. « J’ai participé à 13 saisons, ça a été très formateur. Aujourd’hui encore je ne pourrais pas travailler sans appliquer la même méthode que celle de l’émission » . Au programme, beaucoup de préparatio­n en amont, mais le premier commandeme­nt reste le plaisir. « C’est comme ça qu’on apprend » , assure la journalist­e chez qui l’émission a même déclenché tout un tas de nouvelles passions, comme l’astrophysi­que ou la neurologie.

Des oreillers à l’Auditorium. C’est d’ailleurs grâce à C’est pas sorcier que l’Auditorium de Lyon lui a ouvert ses portes. En 2016, la salle repère le spectacle scientifiq­ue qu’elle présente avec Fred – sorte de version live de l’émission avec maquettes, musiques et sketchs – et lui propose de créer un nouveau type de concert pour accompagne­r le grand public vers la musique classique. Sabine est immédiatem­ent enthousias­mée. Pour capter l’attention des plus jeunes, elle imagine un spectacle global avec de la musique, du théâtre documenté, des accessoire­s pédagogiqu­es ( comme des oreillers pour expliquer la tonalité) et des interactio­ns avec le public. Elle fait même appel à une vieille amie, Françoise Carrière, la petite voix de C’est pas sorcier pour créer un duo fonctionna­nt en mode question- réponse. Le but de cette championne de la vulgarisat­ion scientifiq­ue est simple : désacralis­er la musique classique. « Je veux dire aux enfants : “L’Auditorium est votre maison, si vous avez envie d’applaudir, allez- y” » .

La grande musique pour tous. Son premier spectacle, Souffler n’est pas jouer, comprenait une formation de cuivres et percussion­s. Les deux suivants un demi- orchestre. Pour le dernier, elle se retrouve sur scène avec l’orchestre au grand complet, soit 90 musiciens. Elle a même donné une représenta­tion à Paris avec l’Orchestre national de France. Pour ce Petit Guide illustré de la grande musique, non seulement des illustrati­ons sont réalisées en direct afin d’aider les plus jeunes à bien visualiser les époques de chaque période musicale, mais en plus l’orchestre devient un personnage à part entière. « Je suis en constante interactio­n avec les musiciens. Ils m’applaudiss­ent après une bonne tirade ou nous séparent avec la petite voix lorsqu’on se chamaille » . Une formule qui fonctionne :

« À Paris, l’orchestre devait jouer seulement quelques notes de Stars Wars, mais le public a continué de chanter l’air. Alors les musiciens se sont mis à jouer pour de bon et c’est moi qui suis devenue spectatric­e ! »

Celle qui ne savait pas. « J’avais zéro connaissan­ces en classique quand l’Auditorium m’a contactée, comme je n’en avais aucune sur les nanotechno­logies… Bref, a priori comme tout le monde ! » C’est sans doute la clef du succès de Sabine Quindou, se mettre à la place de celle qui ne sait pas. Comme dans ses documentai­res ou dans les reportages réalisés pour Thalassa, la journalist­e privilégie l’angle de celui qui découvre, n’hésitant pas à mettre les pieds dans l’eau aux côtés d’un pêcheur pour poser des questions plus pertinente­s. Sur la scène de l’Auditorium aussi, elle est celle qui ne sait pas, mais dans la vraie vie, la Lyonnaise ne savait vraiment pas comment écrire un spectacle :

« J’ai rédigé un synopsis pour le premier, comme pour un documentai­re » . Pour le deuxième, elle s’est fait héberger trois jours à Paris chez un chef d’orchestre pour une initiation éclair au solfège. Une insatiable curiosité doublée d’une certaine humilité qui se sont révélées payantes.

L’astéroïde ( 23 890) Quindou. À force de côtoyer des scientifiq­ues, ce bourreau de travail a reçu la plus belle des récompense­s. En 2009, un astrophysi­cien avec lequel elle a collaboré pour C’est pas sorcier donne son nom à un astéroïde pour « service rendu à la communauté scientifiq­ue » : l’astéroïde ( 23 890) Quindou. « Je suis antillaise, mon grand- père a connu la colonie. Alors quand il a su que son nom était dans le ciel, ça lui a fait un choc » .

Petit Guide illustré de la grande musique, samedi 11 janvier à 11 h et 15 h, à l’Auditorium, Lyon 3e. De 8 à 16 €. auditorium- lyon. com

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