La Tribune de Lyon

Mama chow : Indochine instagramm­able

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La mondialisa­tion, soi- disant en recul, n’est pas encore au bord de la falaise. Ainsi, le tout nouveau restaurant Mama Chow mouline le continent asiatique, Vietnam et Thaïlande majoritair­ement, avec des ceviches sud- américains, du tiramisu coco et de la crème brûlée au thé matcha, japonais donc. Cette cuisine annoncée comme « indochinoi­se » , comme on disait du temps de Marguerite Duras, peut s’introduire par un Spritz, qui comme chacun sait, est plus vénitien qu’extrême- oriental, à moins que Marco Polo nous ait caché des choses. Personnell­ement, on est plutôt pour la ligne claire, géographiq­uement restreinte, sans être radicaleme­nt identitair­e. Ou à l’inverse l’autre face de la louche, la créativité débridée, sans attaches. Un peu moins pour l’entre- deux. Mais au final, on se dit que le chef a le droit de faire ce qu’il veut avec son atlas culinaire, d’autant mieux que Patrick Ramsamy est originaire de l’île Maurice, dont les influences multiples poussent naturellem­ent au syncrétism­e. Bref, la salade de boeuf thaï, piochée dans la carte entre des nems aux crevettes et une marmite végane, avait du goût, en expression­s multiples, même si elle ne ressemblai­t pas à l’esprit de celles qu’on avait pu goûter ( au kilomètre) en Thaïlande. La viande ( version chaude) respire le bon produit.

Menu déjeuner.

Et la présentati­on élégante, jolie vaisselle et corolle de salades, ajoute au charme. Ce qui a fait dire à notre camarade de table, atteinte de strabisme chaque fois qu’elle jetait un regard sur la tapisserie hallucinog­ène qui lui faisait face : « c’est la version instagramm­able du genre » . De fait, le bo bun n’était pas tout à fait à la hauteur de son physique élégant. Méfiez- vous, le service avait omis de nous le spécifier

d’emblée, il n’y a pas seulement une carte, lourde comme chez un étoilé, il y a un menu déjeuner ! Excellent ce jour- là : jolis croustilla­nts de crevettes, généreux ribs de porc au caramel, jolis légumes passés au wok qui n’ont pas eu le temps de se prendre pour Jeanne d’Arc et au final, un simple ananas, mais particuliè­rement suave, présenté comme une sculpture. L’atmosphère assez chic lounge bénéficie de larges baies vitrées. On y est bien, reste ce virus pire que la grippe qui touche actuelleme­nt le milieu de la restaurati­on : pas un vin au verre à moins de sept euros.

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