La Tribune de Lyon

C’est pas du Bergman. Les Traducteur­s, de Régis Roinsard

- PAR FRANÇOIS MAILHES

You sprache good la France. Neuf traducteur­s, issus de différents pays européens, sont conviés à traduire, dans le plus grand secret, le dernier tome de la trilogie Dedalus du mystérieux Oscar Brach dans un château des environs de Paris appartenan­t à un milliardai­re russe. Cela commence plutôt pas mal, l’exposition des personnage­s, efficace, contrairem­ent aux habitudes du cinéma français, ne dure pas huit plombes à base de regards qui en disent long sur des sentiments profonds. Les personnage­s susdits auraient peut- être, pour leur part, préférés une moindre mise en valeur. Ils sont, en effet enfermés dans un bunker ( de luxe : grands bordeaux, salle de bowling…) privés de tout moyen de communicat­ion avec l’extérieur afin de préserver la confidenti­alité d’une sortie mondiale simultanée. Seulement, il y a une fuite. Un hacker publie sur le Net les premières pages du roman, menaçant de diffuser le reste s’il ne touche pas une rançon. L’éditeur, Éric Angstrom ( Lambert Wilson), n’avait déjà pas l’air sympa, il se transforme en monstre. Pourquoi n’avait- on jamais pensé à Lambert Wilson pour le rôle d’un méchant de James Bond ? Il est sublime, même lorsque jaillit de son visage aristocrat­ique une phrase comme « Sors- toi les doigts du cul espèce d’idiote » , adressée à Sara Giraudeau, petit oisillon qui lui sert de larbin. Cet excellent thriller de château anglais, hommage à Agatha Christie, teinté d’anticapita­lisme, ressemble à une pelote de laine et à un mécanisme d’horlogerie, même si le tricot et la montre mécanique ne sont plus à la mode.

Les Traducteur­s, de Régis Roinsard. Genre : thriller français réussi. Fr, 1 h 45. Avec Lambert Wilson, Olga Kurylenko, Riccardo Scamarcio, Sidse Babett Knudsen…

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