La Tribune de Lyon

Le resto de la semaine. Le Bistrot Nicéphore: bistrot etlabo photo

- Par François Mailhes

Chaque fois qu’il se passe quelque chose dans un endroit un peu excentré, les journalist­es dont l’inspiratio­n s’arrête aux limites de leur oreiller parlent d’un « nouveau Brooklyn » . Après the 7e arrondisse­ment et Oullins is the new Brooklyn, attendons- nous à ce que Saint- Just devienne the newnew Brooklyn. Dernière ouverture en date, non loin d’un bar à tête de Maure, un bistrot aux activités étranges venues d’ailleurs. Le Nicéphore est à la fois un bar, un restaurant et un réveilleur de fantômes. À l’étage, le Nicéphore ( en hommage à Nicéphore Niépce, inventeur de la photograph­ie) est un laboratoir­e et un atelier de développem­ent de photos argentique­s ouvert à tous. De fait, le resto, peuplé de vieux appareils que l’industrie numérique a failli faire passer aux oubliettes de l’histoire, accueille régulièrem­ent des expos. Le café, créé à la même époque, après une parenthèse boucherie- charcuteri­e, est un des plus anciens de Lyon. Il faut aussi parler de la machine à café steampunk, une Victoria Arduino modèle Vénus. Un monstre à vapeur tout en cuivre dessiné en 1905. Le décor, plutôt 1920/ 1930, achève de contribuer à une atmosphère de petit nid coquet, amical et doucement nostalgiqu­e.

Une cuisine bien posée. La cuisine, simple, familiale, locavore, d’Anaïs, ne se prend pas pour une autre. Elle ne postule pas aux Rencontres photograph­iques d’Arles. C’est du bon, pas de la déco. Clic, clac, Kodak : ce jour- là, il y avait en entrée une salade de lamelles de carottes multicolor­es, craquantes et bien assaisonné­es ( citron/ cumin), une gratinée à l’oignon et croûton géant ( à la lyonnaise, c’est- à- dire que le saint- marcellin remplace l’emmental). L’échine de porc accompagné­e de sarrasin

grillé était d’une tendreté confinant à la tendresse. Quant à la courge butternut rôtie au soja ( et riz noir, des tas de petites graines qu’on n’a pas laissé aux oiseaux et de la coriandre), elle valide que la petite ardoise du resto s’adresse aussi bien aux carnivores qu’aux végétalien­s, avec le même révélateur : du goût. La mousse au chocolat servie en verrine aurait gagné à être plus cacaotée, mais la poire à la verveine jouait bien son rôle de starlette plantureus­e, d’autant qu’elle bronzait sur une plage de spéculoos pulvérisés, ce qui est imparable. Nicéphore is the new bistrot à l’ancienne.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Notez les cuivres de la Victoria Arduino de 1905 derrière Anaïs.
Notez les cuivres de la Victoria Arduino de 1905 derrière Anaïs.

Newspapers in French

Newspapers from France