La Tribune de Lyon

Interview SMS Jodie Soret, Unicef : « La situation de la pollution dans les écoles de Lyon n’est pas acceptable »

- PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID GOSSART

Jodie Soret est chargée des relations avec les pouvoirs publics pour l’Unicef. Cette dernière vient de publier un classement de l’action des 12 plus grandes agglomérat­ions françaises dans la lutte contre la pollution de l’air. Paris est en tête, Marseille dernière, et Lyon 4e, « dans le ventre mou » .

Vu de Lyon, ça peut paraître surprenant, voire vexant, de trouver Paris en tête…

Paris est première en actions, pas en qualité de l’air. Elle est de loin la plus dense et la plus difficile à gérer. Mais des choses ont été faites, comme la Zone à faible émission ( ZFE) qui est l’une des plus ambitieuse­s. Ceux qui sont « au milieu » , comme Lyon, ont de bonnes actions, d’autres moins : rien n’est dramatique à Lyon, mais c’est toujours un peu mou.

Vous évoquez la ZFE parisienne. Mais Lyon en a une aussi. Trop timide ?

Oui, elle est bien plus timide. Elle s'applique essentiell­ement aux poids lourds et utilitaire­s légers. Ça va dans le bon sens mais ce n’est pas assez : les diesels, très polluants, peuvent encore rouler dans Lyon.

Un de vos critères est la santé des enfants. Lyon traîne le dossier de l’école Michel- Servet. Mais est- ce un cas à part, ou est- il représenta­tif d’un vrai problème ?

Il y a un vrai problème à Lyon et il est particuliè­rement grave. On ferme une cour ou des classes parce que c’est trop pollué. Et plus de la moitié des écoles et crèches de la Métropole sont exposées à des dépassemen­ts systématiq­ues des normes européenne­s. Ça n’est pas acceptable. Il faut une réduction de la pollution globale et locale, mais aussi dans le temps, en diminuant les pics.

Comment ?

En diminuant la place de la voiture, en entamant un cercle vertueux, en changeant progressiv­ement la manière de se déplacer en ville.

Mais y a- t- il à des choses que Lyon fait bien ?

La dynamique transports en commun et vélos est plutôt bonne, avec des aides à la transition intéressan­tes. Il y a des pédibus et des vélobus, mais il faut vraiment aller plus loin.

Pouvez- vous vous permettre une position sur l’Anneau des sciences, qui sort la voiture de la ville, mais la déplace à proximité d’espaces publics ?

On a quand même des éléments pour réagir : quand on crée de nouvelles infrastruc­tures, généraleme­nt, on augmente l'utilisatio­n de la voiture. À l’inverse, en supprimant certains tronçons routiers, il n’y a pas seulement un report, mais une évaporatio­n. Pour se déplacer autrement, il faut en avoir la possibilit­é. Mais sinon on s’abstient de tout commentair­e politique. Quand un programme contient de nombreuses rues scolaires, à savoir fermées aux voitures, on le salue bien entendu. Mais même pour le 1er du classement, la « ville respirable » est encore loin.

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