La Tribune de Lyon

Culture. Danse. Yorgos Loukos sombre avec sa génération

- LUC HERNANDEZ

C’est ce qui s’appelle ne pas savoir partir à temps. Directeur artistique du Ballet de l’Opéra de Lyon, Yorgos Loukos, a été condamné en appel pour discrimina­tion à l’égard d’une ancienne danseuse faisant droit à son congé maternité et dont il n’avait pas renouvelé le contrat, en des termes sanctionné­s par la justice. Certes, Yorgos Loukos aura échappé en appel aux 6 mois d’emprisonne­ment avec sursis et 5 000 euros d’amende prononcés en première instance, désormais condamné à seulement 1 500 euros d’amende. Une somme relativeme­nt modeste, qui laisse à penser que ce conflit aurait pu être évité. Licencié dans la foulée à l’unanimité d’un conseil d’administra­tion extraordin­aire, ce sinistre épisode vient clore de façon pathétique les 35 ans que Yorgos Loukos aura passé au Ballet de Lyon, entré comme maître de Ballet en 1985 avant d’en devenir le directeur en 1991. À 72 ans, il appartient à une générat ion des années quatre- vingt qui n’a jamais vraiment su quitter son pouvoir de potentat local et aurait pu être mis à la retraite depuis longtemps ( Guy Walter ou Thierry Raspail ont respective­ment dû quitter la Villa Gillet et le Mac de Lyon sans tambour ni t rompettes).

Un gâchis personnel Yorgos Loukos a sans doute rendu, fut un temps, de bons et loyaux services, notamment en hissant le répertoire contempora­in du ballet à un haut niveau internatio­nal. Mais jouer les indéboulon­nables à la tête du Ballet n’a jamais empêché Yorgos Loukos de multiplier les collaborat­ions extérieure­s : organisate­ur du fest ival France moves à New York, puis d’un autre à Londres en 2001 et 2005, directeur du festival de danse de Cannes de 1992 à 2011, ou directeur du festival d’Athènes de 2006 en 2015… On aurait aimé qu’il mette autant d’énergie à développer des projets à Lyon. Et c’est sans doute parce qu’elle savait parfaiteme­nt à qui elle avait à faire, que la plaignante avait pris la peine d’enregistre­r son entretien avec Yorgos Loukos qui lui a permis de le faire condamner. Cela clôt lamentable­ment un chapitre qui aurait pu rester beau pour le ballet de l’Opéra de Lyon. Avec la nomination de Richard Brunel à la tête de l’Opéra en 2021, qui jusque- là avait été particuliè­rement soucieux de développer l’offre de danse à la Comédie de Valence, on peut espérer que cette page sera définitive­ment tournée, s’ouvrant vers de nouvelles pratiques et d’autres ambitions.

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