La Tribune de Lyon

Politique.

- PAR RODOLPHE KOLLER

Amateurism­e, sélection par l’argent et départs en série : crise au coeur de la campagne de Gérard Collomb

Alors que la tension atteint des sommets dans la dernière ligne droite menant aux élections municipale­s et métropolit­aines, les méthodes de campagne du candidat Gérard Collomb posent question en interne. Plusieurs militants et ex- candidats dénoncent non seulement une désorganis­ation criante, mais aussi un chantage au don afin de figurer sur les listes, dont le dépôt en préfecture pouvait s’effectuer jusqu’à mardi pour la Métropole de Lyon, et dure jusqu’au 27 février en ce qui concerne l’Hôtel de Ville. Tribune de Lyon a mené l’enquête.

Lundi 25 novembre 2019. L’équipe de campagne de Gérard Collomb invite quelques journalist­es dans un pub du Vieux- Lyon. Son candidat à la mairie n’est pas encore connu, la campagne pour reconquéri­r la Métropole se borne à soutenir l’Anneau des sciences et rappeler le succès de l’aménagemen­t des berges du Rhône, et son premier cercle tente d’occuper le terrain médiatique tandis que les listes concurrent­es — écologiste­s en tête — se sentent pousser des ailes. L’un des sujets du jour : ce tract figurant un Gérard Collomb rajeuni sur fond de Confluence. Et pour cause, la photo date de 2013. Après avoir tourné autour du pot, mal à l’aise, son équipe reconnaiss­ait — en son absence — avoir été pressée par des militants souhaitant entrer en campagne et tout simplement cherché la première photo libre de droit venue. Ce qui était passé sous silence, c’est la raison pour laquelle aucune photo de la campagne précédente n’avait pu être exploitée. « Le photograph­e présent en 2014 a été couvert d’insultes lors d’un accès de colère de Gérard Collomb » , confie une source proche du candidat maire de Lyon.

Mais depuis lors, rien n’aurait véritablem­ent évolué à en croire les petites mains de sa campagne. « On va droit dans le mur, souffle un militant du 6e arrondisse­ment. On a un maire de Lyon en roues libres qui s’est entouré de canards qui disent oui à tout. » Jusqu’à en oublier les fondamenta­ux d’une élection. « J’ai l’impression que Collomb fait sa première campagne » , reprend- il. Parmi les griefs partagés par un certain nombre de soutiens de la première heure, l’absence d’éléments délivrés à la base militante au moment de « l’affaire Nouri » , du nom de l’ancienne compagne de Gérard Collomb, dont l’emploi à la Ville de Lyon est à l’origine de l’ouverture d’une enquête par le Parquet national financier. « On se faisait tailler en pièces sur les marchés, poursuit ce membre actif de la campagne. Si tu n’es pas dans le cockpit, tu es un peu livré à toi- même » .

« On dirait qu’ils font exprès de perdre »

. Et la fâcheuse impression persiste. « Il y a beaucoup de désorganis­ation et de sujets sur le projet, regrette cet autre marcheur, fraîchemen­t retiré de la campagne. C’était très compliqué » . Pas mieux dans le 4e, où la tête de liste du candidat à la mairie Yann Cucherat, Vanessa Dequidt, a carrément claqué la porte début février. L’un de ses colistiers témoigne d’une ambiance délétère en interne : « Les candidats ne représente­nt qu’euxmêmes, il n’y a qu’eux qui tractent, pas les militants. Des gens s’imposent alors que ce n’est pas leur arrondisse­ment. On ordonne aux militants alors que l’on a aucune connaissan­ce politique. Or on n’ordonne pas à un militant. Il y a zéro conviviali­té, ce sont des méthodes de DRH. Ils ont mis ensemble des gens qui n’ont rien en commun, qui ne connaissen­t même pas le quartier. »

L’amertume est toujours palpable chez ce militant : « On amène des idées pour qu’elles viennent alimenter le programme, et non seulement elles ne sont pas retenues, mais surtout on a zéro retour ensuite. Vous vous rendez compte qu’aujourd’hui, il n’y a pas de déclinaiso­n du programme dans le 4e, pas de flyer, pas

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