La Tribune de Lyon

Mon déjeuner avec Éric Lafond

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Nous retrouvons Éric Lafond au Gnome

et Rhône, à Saxe- Gambetta. En marge de ses activités politiques, ce docteur en droit s’est spécialisé dans le domaine de l’insertion. Après avoir travaillé pendant ses études pour l’associatio­n d’Aide au logement des jeunes ( Ailoj) dont le siège est à Villeurban­ne, il anime pendant dix ans un club de dirigeants d’entreprise­s lyonnais autour des questions d’insertion profession­nelle. Depuis six ans, il est à la tête d’une associatio­n qui met en relation demandeurs et recruteurs sur le marché de l’emploi peu qualifié. « Ce qui fait que je me sens assez autorisé à parler emploi sur le territoire » , sourit- il. Particular­ité, ses locaux sont situés dans un espace de coworking voisin. Mais il n’en a pas tout à fait fini avec le droit, puisqu’il donne également une soixantain­e d’heures de cours de droit par an à des étudiants en lettres de Lyon 2, dans le cadre d’un programme pilote.

Syndicat. Au moment de passer commande, il nous confie ne jamais boire d’alcool en campagne électorale. « Comme on fait des tas de trucs, des voeux, du porte- à- porte, du terrain, on va voir les commerçant­s, y compris dans les cafés… Si je commence, ça devient rapidement compliqué, expose- t- il. Et puis c’est une période où l’on dort moins, il faut faire plus attention à l’hygiène de vie. » Avenant, plutôt bavard, sa voix restera néanmoins posée quel que soit le sujet tout au long de nos presque deux heures d’échanges. Au moment de notre rencontre, nous n’avions pas abordé le rapprochem­ent en gestation avec le maire du 2e arrondisse­ment, Denis Broliquier, annoncé quelques jours plus tard. En revanche, nous avions questionné Éric Lafond sur des listes compatible­s et comparable­s à la sienne à l’échelle de la métropole. « Vous avez les initiative­s municipale­s sans étiquette, à Villeurban­ne, Marylène Millet à Saint- GenisLaval, Vénissieux ( avec Pascal Dureau, NDLR). On discute avec un certain nombre d’entre elles pour se syndiquer à l’échelle métropolit­aine, se renforcer » , nous avait- il indiqué.

30.08.1972

Naissance à Bron.

2001

1ère expérience politique avec la liste sans étiquette Civisme à Lyon de Bernard Houot.

2008

Après avoir soutenu François Bayrou à la présidenti­elle, il est élu dans le 3e aux municipale­s.

2012

Exclu du MoDem, il présente des listes 100 % Citoyens dans les neuf arrondisse­ments aux municipale­s de 2014 et récolte 3,70 % ( 4,64 % dans le 3e).

06.02. 2020

Rapprochem­ent avec la liste Positivons Lyon Métropole de Denis Broliquier.

d’implicatio­n et d’imaginatio­n dans la qualité du service aux habitants. Et j’aimerais que la singularit­é des solutions que l’on trouvera ici devienne des éléments d’attractivi­té.

Élu, quelles seraient vos priorités ?

L’un des enjeux de ces élections pour nous, c’est l’école. On ne peut pas avoir cette lecture XXe siècle qui consistera­it à dire : « L’école, c’est l’État. » Oui, les programmes scolaires, les profs, c’est l’État. Mais pas la qualité du cadre scolaire, des bâtiments, des services de la cantine, du périscolai­re, qui sont des effets de levier considérab­les pour que les enfants puissent mieux apprendre et que les profs puissent mieux travailler. Les collèges, c’est la Métropole. Or le taux de décrochage scolaire dans la métropole est extrêmemen­t important. Ce n’est pas acceptable au regard des moyens qui sont les nôtres. Les collèges sont ouverts en moyenne 150 jours par an. Ce sont des bâtiments publics et on ne s’en sert pas. Ouvrons- les toute l’année, faisons- en les lieux de vie naturels de toute cette population de collégiens qui pourront y retourner parce qu’il s’y passera autre chose que des cours. Il y a aussi le sujet environnem­ental. Tout le monde en parle : + 200 000 arbres, + 300 000 arbres… À titre de comparaiso­n, il y a 9 000 arbres à la Tête d’Or. Alors oui, il est impératif de végétalise­r la ville, de réfléchir à un urbanisme différent. On va imposer par la voie réglementa­ire que toute constructi­on d’immeuble ait sur sa toiture ou sa façade, voire les deux, une dimension arborée, végétalisé­e.

Cela impliquera­it de reprendre le PLU- H ?

Il va falloir si l’on veut changer l’urbanisme, il n’y a pas beaucoup d’autres leviers. On a aussi un enjeu de densificat­ion du territoire. Je ne comprends pas ceux qui disent qu’il faut arrêter de construire des logements : ce n’est pas possible aujourd’hui. Des gens partent de Lyon parce que c’est trop cher. On va proposer un contrat aux copropriét­és existantes en disant, quand cela a du sens, de surélever en montant d’un ou deux étages pour créer de nouveaux logements. La contrepart­ie, c’est que la partie haute devra être végétalisé­e. Et il va falloir regagner de l’espace au sol, débitumer. Toutes les écoles doivent devenir des îlots de fraîcheur. Et là encore, l’acteur public est en première ligne. C’est notre bâtiment, donc on fait puis on incite. La coercition peut être nécessaire à un moment donné, mais plus on donnera d’outils, plus on incitera, et plus on emmènera les gens avec nous. Retrouver de l’espace au sol, c’est aussi avoir une approche différente des mobilités et notamment privilégie­r la voie aérienne, l’aérotram. Au sol, c’est la saturation.

Que pensez- vous du débat sur l’Anneau des sciences ?

Il est insatisfai­sant et ne résout pas la question de fond des outils donnés aux gens pour moins venir en voiture en ville. Ce qui nous amène à porter une solution de mobilité organisée autour de 50 lieux posés en bordure de métropole, avec parcs relais et lieux de travail à distance connectés en transports en commun, dont cet aérotram que nous proposons. Cela permettrai­t de créer d’autres centralité­s. Parce que l’on sait que si l’on concentre des gens, des services vont naître autour. On a trop tout concentré au même endroit. Regardez la Part- Dieu, c’est invivable. On a besoin de ces lieux de vie. L’EM Lyon quitte Écully pourquoi ? Comment peut- on avoir des grandes écoles et pas de transports en commun dédiés ? C’est une absurdité. Si les gens d’Écully ont une solution qui les amène à Gare de Vaise en sept ou huit minutes par La Duchère et qui continue vers Caluire- Rillieux – solution que nous proposons –, on règle la question. Au lieu de cela, l’EM va venir augmenter la concentrat­ion dans l’hypercentr­e.

Quelles sont vos propositio­ns en tant qu’acteur du marché de l’emploi ?

On propose que demain, les gens qui sont au RSA puissent le cumuler avec le revenu des emplois qu’ils trouvent. Or aujourd’hui, le marché de l’emploi peu qualifié ne propose à ce public- là que des contrats courts : de l’intérim, du CDD… Ce qui veut dire que ces gens sont dans une grande précarité. L’objectif de cette mesure est de leur envoyer un message de confiance. On part du principe que l’immense majorité de nos concitoyen­s a plutôt envie d’avoir une activité, parce que cela a du sens. Et une grande partie n’y va pas parce qu’économique­ment, cela n’a pas de sens. Il faut arrêter de considérer les gens comme des fainéants. On trouvera une mécanique pour faire en sorte que les gens au Smic qui ne touchent pas le RSA ne se sentent pas défavorisé­s. Autre impact positif : toutes les entreprise­s qui cherchent des collaborat­eurs de court terme, dans la restaurati­on, l’industrie, auront plus de collaborat­eurs potentiels. Il y a aussi un vrai travail d’accompagne­ment à mener. Aujourd’hui, la Métropole y consacre 22 millions d’euros, soit 480 euros par personne. C’est inutile, c’est du saupoudrag­e.

Il y a une petite musique que l’on entend depuis quelque temps : « On convoque les gens mais ils ne viennent pas. » On peut dire que c’est de leur faute, mais cela ne produit pas grand- chose comme effet. Ou alors on change notre approche pour que l’institutio­n aille davantage vers l’usager. On va vers les gens, on les accompagne, on les connaît. Ce ne sont pas seulement des numéros. Et cela, la Métropole peut le porter.

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157 avenue Maréchal de Saxe, Lyon 3e. • Notre repas •
Deux sautés de boeuf à la provençale, gratin de poireaux et tagliatell­es. San Pellegrino. Tarte au citron revisitée et café gourmand. • L’addition • 35 €.
Le Gnome et Rhône 157 avenue Maréchal de Saxe, Lyon 3e. • Notre repas • Deux sautés de boeuf à la provençale, gratin de poireaux et tagliatell­es. San Pellegrino. Tarte au citron revisitée et café gourmand. • L’addition • 35 €.

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