La Tribune de Lyon

Victime d’une cyberattaq­ue, Lise Charmel placée en redresseme­nt

- DAVID GOSSART

e groupe lyonnais de lingerie haut de gamme avait vu son activité mise à l’arrêt forcé depuis le 8 novembre dernier au matin. L’ensemble de l’entreprise avait été victime d’une cyberattaq­ue, dont elle ne s’est pleinement sortie qu’au mois de janvier. Des difficulté­s majeures qui l’ont poussées à se placer en redresseme­nt judiciaire, en date du 27 février, décision du tribunal de commerce de Lyon. « Notre chaîne est complèteme­nt informatis­ée, centralisé­e sur des serveurs, de la création à la production en passant par la logistique et les boutiques... Or, le matin du 8 novembre dernier, à sept heures, les salariés du service logistique ont trouvé leurs postes cryptés » , explique à Tribune de Lyon le directeur général de l’entreprise basée à Vaise, Olivier Piquet. Un ransomware bloque le groupe de 1 150 collaborat­eurs. Montant de la rançon : non communiqué. Mais ce sont évidemment « des sommes importante­s » . Les équipes informatiq­ues du groupe, ses partenaire­s techniques, le Police judiciaire... Une large boucle s’est mise en branle pour dénouer la situation, « car payer une rançon, ce

Ln’est pas notre truc » , sourit aujourd’hui Olivier Piquet, qui reconnait sans peine « l’état de choc » dans lequel l’événement a plongé l’entreprise. « Nous avons donc été à l’arrêt plusieurs semaines, et le temps de faire les mises à jour, de s’assurer que cela ne se reproduise pas, nous avons repris un peu d’activité en décembre, mais plus pleinement en janvier » . L’origine de l’attaque serait à trouver du côté « des pays de l’Est » .

Plusieurs millions d’euros de manque à gagner.

C’est donc pour se protéger de toute pression financière au moment de repartir de l’avant que, après consultati­on avec le président du tribunal de commerce, Lise Charmel a décidé de solliciter un placement de l’ensemble des entités françaises du groupe en redresseme­nt. « Car notre première priorité est de rattraper le retard de production, de livraison » . Fondée en 1950, la marque de lingerie avait été rachetée par Jacques Daumal en 1975. Le groupe Lise Charmel a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires cumulé de près de 60 millions d’euros. Son activité dépend à 50 % de l’export, organisé autour de cinq marques : Lise Charmel, Epure, Éprise, Antigel, Antinéa. Lise Charmel compte plusieurs dizaines de magasins à l’étranger et pas loin de 4 000 points de vente, dans un secteur haut de gamme très concurrent­iel à l’internatio­nal.

S’il ne crie pas encore victoire, le directeur estime « que cela aurait pu nous fragiliser car le manque à gagner est encore en cours de chiffrage. Mais cela se monte certaineme­nt à plusieurs millions. Mas c’est pour cela que nous nous sommes placés en redresseme­nt, pour se protéger » .

Olivier Piquet, directeur général de Lise Charmel.

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