Yves Constance, adjoint sur un site de collecte de déchets :
« Certaines familles nous laissent des mots sur les poubelles »
Chaque
matin, Yves Constance prend son poste à 5 heures. Adjoint au responsable d’exploitation sur la base de collecte de déchets de Gerland, il aime arriver quelques minutes avant le rush quotidien, pour prendre son temps, s’imprégner du calme éphémère. Car ici, il ne dure pas. Rapidement, les équipes affluent et les camions poubelles se lancent dans leur ballet matinal. « J’assimile ça au coup de feu en cuisine. Chez nous, c’est relativement court mais dense » , décrit- il. Mais pour lutter contre la pandémie, les habitudes ont quelque peu été chamboulées. « Normalement, les agents partent à un
horaire fixe, mais aujourd’hui pour éviter un trop grand rassemblement, dès qu’une équipe est complète, elle commence tout de suite sa tournée » .
Du baume au coeur. Il a bien fallu gérer les contretemps et remplacer les éboueurs jugés à risque et restés confinés, mais c’est surtout l’aspect psychologique qui semble peser. « On est toujours plus ou moins angoissés le matin quand on vient au boulot, souligne Yves, bientôt 62 ans au compteur. C’est pas anodin et on a des familles. Mais on prend sur nous. On ne le fait pas ressentir mais au fond de nous- mêmes, on a tous cette peur que cela nous tombe dessus. » Pour remplacer les absents, des agents d’autres services de la Métropole ( voirie, entretien, etc.), ont fait preuve de solidarité en se formant pour prêter main- forte à la collecte des déchets. « Pour l’instant, on a toujours assuré le service sans difficulté. Et les habitants nous témoignent leur reconnaissance. Certaines familles nous laissent des mots de remerciement sur les poubelles, des enfants font des dessins. Pour les gars qui sont derrière le camion, c’est vraiment valorisant, sachant que notre profession est souvent sous- estimée. Ça leur met du baume au coeur. »