Nos bons plans pour continuer à bien manger pendant le confinement
Continuer à bien manger, s’approvisionner en privilégiant les produits frais et locaux, les commerces de proximité… Jamais l’alimentation n’aura tant occupé nos journées. Mais cuisiner midi et soir pour soi ou pour toute la famille demande une nouvelle organisation durant cette longue et contraignante période de confinement. Tribune de Lyon a fait le tour de toutes les initiatives et bons plans à connaître pour s’évader le temps d’un savoureux repas.
Avec la décision de la fermeture des marchés par les autorités locales le 24 mars dernier, de nombreux foyers ont dû trouver des alternatives pour se fournir en fruits et légumes primeurs. Les épiceries et magasins de quartier ont été en première ligne pour accueillir les Lyonnais, mais des dizaines d’initiatives se sont également développées pour rendre l’accès à la production locale plus facile.
À fond dans le local. Ces dernières années, on a pu voir dans les rues de Lyon se multiplier les commerces indépendants qui font la part belle aux produits locaux et au travail de petits exploitants, avec une mention spéciale pour le 7e arrondissement qui en compte le plus grand nombre.
C’est là que l’on retrouve notamment Rue des producteurs. Dans ses deux boutiques, fruits et légumes, produits laitiers, épicerie et même pièces de viande ont été sélectionnés chez de tout petits exploitants de la région. Pour continuer à assurer sa mission de commerce de proximité, l’enseigne a décidé depuis le début du confinement de proposer un service de drive piéton à ses clients, dont les commandes ont été passées sur son site marchand. Pas de paniers préfabriqués, mais la garantie d’opter pour la quantité souhaitée, que l’on vient retirer quelques jours plus tard en boutique. Et dès sa mise en place, c’est un carton. « Il y a un vrai engouement pour le manger local, et on ne pensait pas atteindre notre quota si rapidement » , explique Nellia Bourguet, responsable, qui ouvrira la semaine prochaine un troisième magasin à l’angle du cours Lafayette et du quai Sarrail ( Lyon 6e). L’Épicerie équitable, dans son bastion du 7e, a fait le même choix dès le 18 mars : les commandes arrivent par téléphone ou par mail, le client paie par carte bancaire et convient d’un horaire pour récupérer son panier en boutique. Au fil des jours, Mamie Marie, dans le 6e, a aussi mis en place un drive piéton : là encore, le client envoie une liste de courses par mail entre midi et 15 h, et les équipes préparent le panier dans la journée pour un retrait le jour même jusqu’à 17 h 45. Une garantie devenue rare, visant à encourager les clients à sortir le moins possible même si la boutique reste techniquement ouverte pour les personnes n’ayant pas d’accès internet.
Plus de paniers. En revanche, Scarolle & Marcellin, qui avait décidé de continuer à accueillir sa clientèle, doit payer la rançon du succès. La boutique a pu garder ses portes ouvertes jusqu’au lundi 6 avril, mais l’afflux de clients généré par la fermeture des marchés a eu raison de ce choix. « Nous ne pouvions pas assurer les conditions de sécurité sanitaire pour ouvrir » , déplore Carole, la gérante. Dorénavant, l’enseigne se concentre sur les paniers : vendredi dernier, l’équipe devait en finaliser
plus de 200… Chez Ma Ferme en ville, les deux boutiques sont indépendantes mais approvisionnées par les mêmes fournisseurs, alors elles jouent sur leur complémentarité : celle du 2e arrondissement reste ouverte mais ne prépare pas de paniers, et celle du 6e se concentre sur les livraisons dans un rayon de 20 km autour du magasin ou à retirer sur place. Dans les deux cas, les clients sont au rendez- vous. « Le confinement semble avoir créé un regain d’intérêt pour les commerces de proximité. Mais il a fallu se réorganiser, et ce processus est toujours en cours » , pose Loïc Cornu, à la tête de la boutique d’Ainay. La proximité et le contact client, c’est aussi ce que certaines épiceries ont préféré, tirant un trait sur la vente en ligne, à l’image de La Voie verte. Elles sont ainsi plusieurs à opter pour la vente en direct, quitte à bousculer un peu les habitudes de leurs clientèles. C’est le cas de Trois Petits Pois ou de Terres lyonnaises, implantées dans les 3e, 6e et 7e arrondissements, qui ont modifié leurs horaires mais restent accessibles : « Les gens préfèrent aller dans une boutique de proximité plutôt qu’en grande surface, juge une salariée. Nos produits viennent de la région, donc le confinement n’a pas eu d’impact sur nos livraisons. » Les rayons bien approvisionnés n’ont jamais été si alléchants.
Les petits producteurs s’orga
nisent. Face à la fermeture des marchés, les petits producteurs ont dû également s’organiser pour écouler leurs productions, et là encore, ce sont sur les réseaux sociaux que les choses se sont structurées dans un premier temps. À commencer par le groupe Facebook des Marchés solidaires 69 ( Lyon et ses environs). Ici, chacun y va de son conseil pour aider un habitant à trouver des paniers de producteurs encore disponibles alors que d’autres lancent un appel pour mutualiser une commande auprès d’une ferme. On trouve bien sûr aussi des formulaires à remplir pour passer commande auprès de son producteur préféré, ou même de son poissonnier.
Le groupe Facebook le plus riche est sûrement S’approvisionner localement ( Ouest et Monts du Lyonnais). Les administrateurs du groupe ont mis en place un tableau à la disposition des producteurs de l’Ouest Lyonnais qui proposent des services
de livraison, à domicile ou via des points relais. Coordonnées, type de produits et modes de livraison : tout est indiqué. Il ne reste donc plus aux clients qu’à commander en les contactant directement. Du fromager au pâtissier en passant par le boucher et le caviste, sans oublier les primeurs, ce listing répertorie tous types d’artisans. Deux associations lyonnaises, BelleBouffe et Zéro déchet Lyon, ont mis en place une carte interactive sur toute la région RhôneAlpes qui recense les producteurs, avec leurs coordonnées, types de produits, jours des ventes ou livraisons… Une mine d’or.
Du côté de la ferme de Clavisy, les éleveurs qui travaillaient majoritairement avec des restaurateurs n’ont pas hésité également à se retrousser les manches pour adapter leur offre aux particuliers. 36 heures : c’est le temps qu’il leur aura fallu pour imaginer une grille tarifaire et organiser des livraisons. Agneau, veau, cochon ou boeuf… Toutes les viandes sont mises sous vide en grand conditionnement ( 6 ou 10 kg), donc mieux vaut faire de la place dans son congélateur. Promus, distributeur en circuit court qui livre habituellement les restaurateurs sur toute la France, vient de son côté de s’organiser pour continuer à soutenir les producteurs et aider les Lyonnais à manger frais en livrant des paniers aux particuliers. Panier végétarien à 50 euros, panier de la mer à 55 euros, très grand panier à 120 euros… Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.
Les nouveaux points de retrait.
Restaurants, commerçants et même parkings souterrains ouvrent leurs portes aux producteurs en se transformant en points relais pour permettre aux Lyonnais de profiter d’un maximum de produits en circuit court.
C’est le cas du bar- restaurant La Plank des gones, dans le 6e arrondissement, qui a choisi de proposer à ses clients de profiter des produits de ses fournisseurs. Fruits et légumes, charcuterie, fromages, vins et bières, c’est aux clients de composer leurs paniers selon leurs goûts. Même démarche du côté de l’Amuse- bouche. Pour que son producteur attitré puisse continuer à écouler ses récoltes et ses clients à manger sainement, le restaurant a créé le « vegetable click & collect » . Les habitants du 3e et du 6e arrondissements, où sont situés les deux établissements des restaurateurs, peuvent passer commande directement sur la page Facebook du producteur avant de venir récupérer leur panier ( vendredi matin dans le 3e, et samedi matin dans le 6e) ( photo). Le caviste Bellecave, lui aussi dans le 6e, qui faisait déjà office de point de retrait des paniers Maréchal fraîcheur, a choisi de développer sa mission de commerce de proximité : depuis le confinement, il est dépositaire des colis de chocolats Richart, et propose une fois par semaine les copieuses cassolettes de cassoulet du restaurant Bol d’air de Dardilly. Dans le 8e arrondissement, la Cave Saint- Charles profite de sa petite cour pour accueillir quant à elle certains producteurs habituellement présents sur le marché des ÉtatsUnis. Un maraîcher, un fromager et un producteur de viande montent leurs étals devant la boutique les mercredis et samedis matins.
À la Croix- Rousse, c’est même une véritable chaîne de solidarité qui s’est organisée entre Le Comptoir Simone, Garri, Le Café de la Soierie, la galerie d’art Françoise Besson et bien évidemment les traditionnels producteurs habitués à vendre sur le grand marché du boulevard. Sous l’impulsion de la mairie du 4e, de l’association du marché de la Croix- Rousse et l’association de commerçants Croix- Rousse le village, une quinzaine de commerçants s’est transformée en points de livraison pour que les habitants du Plateau puissent récupérer leurs commandes passées directement auprès des producteurs.
Sur le système des drive des grandes enseignes, Lyon Parc Auto ( LPA) a également reconverti début avril trois de ses parkings pour accueillir des producteurs locaux. La marche à suivre est aussi simple qu’un démarrage en côte avec une boîte automatique : retrouvez la liste des producteurs sur le site de LPA, puis passez directement commande auprès de ces derniers. Ensuite il faut se rendre au parking en voiture au créneau indiqué. Une initiative que la direction de LPA souhaite pérenniser.