La Tribune de Lyon

Métropole de Lyon. La guerre des masques est déclarée Psychiatri­e. Le Covid- 19 accroît les tensions au Vinatier

- ANTOINE COMTE

« On aurait enfin pu avoir notre heure de gloire et être reconnus à notre juste valeur. Sauf qu’encore une fois, nous constatons au grand jour que notre métier est considéré uniquement comme un loisir » . Ce coup de gueule, c’est celui d’une couturière lyonnaise destinatai­re, comme plus de 1 500 couturière­s solidaires, d’un mail du président de la Métropole de Lyon en personne l’invitant à confection­ner des masques à domicile pour lutter contre la propagatio­n du Covid19. « Je tenais à vous remercier pour votre mobilisati­on. Votre engagement est le signe d’une incroyable générosité et solidarité envers tous les habitants de notre Métropole. Vous recevrez sous deux à trois semaines les fourniture­s nécessaire­s pour la confection des masques » , écrit notamment David Kimelfeld dans ce courriel daté du 15 avril dernier intitulé Masques alternatif­s : les couturier. e. s se mobilisent que nous avons pu nous procurer. Le problème : c’est que parmi les destinatai­res figurent des coutur iers de mét ier qui ne comprennen­t pas pourquoi ils ne seraient pas rémunérés pour cette mission. « Je me suis inscrite sur la plateforme de la Métropole parce que je voulais évidemment participer à cet élan génial de solidarité, mais je me suis rapidement rendu compte qu’ils voulaient se servir de notre savoir- faire sans nous payer. C’est scandaleux » , tacle sèchement cette même couturière profession­nelle, en pointant « la dévalorisa­tion d’un métier quasi exclusivem­ent féminin » .

« En complément » .

Des accusation­s que l’entourage du président de la collectivi­té urbaine rejette en bloc. « Ne mélangeons pas tout. Il y a une vraie différence entre les couturiers et couturière­s solidaires à qui nous avons proposé de réaliser des masques sur la base du volontaria­t et des profession­nels du métier que la Métropole a déjà ou va prochainem­ent solliciter par l’intermédia­ire des entreprise­s qui les emploient. Après, concernant les deux millions de masques que nous avons commandés, la collectivi­té s’est déjà engagée à les payer de sa poche. Pour être clair, les masques réalisés par les couturière­s solidaires viendront en complément de cette large commande de la Métropole. L’idée n’est pas du tout de profiter de leur bénévolat, bien au contraire, on leur fournit même le matériel » , se justifie un proche de Kimelfeld, un brin désabusé.

Ne plus avancer masqués.

Et sur le fait que l’on confie la réalisatio­n de masques à des couturière­s non profession­nelles au risque que ces derniers ne soient pas totalement efficaces face au virus, le cabinet du patron de la Métropole assume là encore sa position : « L’ensemble des masques qui nous seront envoyés par les couturière­s solidaires seront tous vérifiés avant leur distributi­on à la population et ceux qui ne correspond­ront pas aux normes de sécurité seront détruits » . De quoi calmer la polémique et l’ulcération des couturiers lyonnais qui exercent ce métier précaire au quotidien ? Pas certain. « On rémunère les soignants, les éboueurs, les boulangers et on les érige même en héros, ce qui est bien normal. Mais pourquoi pas nous ? L’objet indispensa­ble de la lutte contre ce virus et du futur déconfinem­ent, c’est bien le masque aujourd’hui non ? » , fustige une couturière, très remontée. Moralité de l’histoire : les couturiers lyonnais semblent désormais déterminés à ne plus avancer masqués.

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