La Tribune de Lyon

Interview. Laurent Duc : « Si les hôtels lyonnais font 50 % de leur chiffre cet été, on sera déjà heureux » Emploi. Caissier, cariste, infirmier… Ces métiers qui recrutent en pleine crise

- PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID GOSSART

Le président de la branche hôtellerie française de l’UMIH, et représenta­nt du syndicat hôtelier dans le Rhône, fait le point pour Tribune de Lyon sur la situation depuis le début de la crise.

Comment avez- vous pris les annonces du président de la République, notamment la porte ouverte à une annulation pure et simple des charges ?

« Sur l’annulation des charges, nous nourrisson­s effectivem­ent de bons espoirs pour 2020. Nous ferons partie de ceux qui vont être le plus touchés, donc c’est normal de pouvoir espérer des moyens de subsister et de retravaill­er. Sinon les Italiens ou les Allemands le feront. Aujourd’hui, nos trésorerie­s sont très fragiles. On avait subi les Gilets jaunes, on a eu une embellie en novembre, mais il y a eu la grève des retraites en décembre. Les hôtels sont exsangues. À Lyon aujourd’hui, une dizaine d’hôtels reçoivent encore du monde, soit 500 chambres à louer. Tout le reste de notre filière est interdite de travailler.

Par contre, les locations de particulie­r à particulie­r perdurent…

Il faut s’occuper de la situation d’Airbnb : ils sont ouverts partout ! Au départ, c’est une bonne intention de faciliter la mise en relation pour loger les soignants gratuiteme­nt… Mais plus j’avance et plus je vois que les plateforme­s utilisent toutes les ficelles. J’ai écrit au ministre pour demander le respect du confinemen­t par tout le monde, sauf les soignants ou personnels particulie­rs. Personne ne doit faire du tourisme en ce moment !

Justement, quand le tourisme pourra- t- il redémarrer ?

Il y a encore beaucoup d’éléments à clarifier : le président a dit que les activités rassemblan­t beaucoup de monde reprendrai­ent à partir du 14 juillet. Mais dans les hôtels, comment fait- on si on ne peut pas aller au spa ou à la piscine ? Il y a des éléments à clarifier. On nous dit que les frontières Schengen seront ouvertes, donc que l’on pourrait avoir des Allemands et des Hollandais. Et malgré le chômage partiel, il y aura bien un marché franco- français qui va s’ouvrir. Si l’on fait 50 % du chiffre cet été, on sera déjà heureux.

Comment la filière s’organise- t- elle en vue de ce redémarrag­e, comment tente- t- elle de passer le cap ?

On se bat pour que les bailleurs ne réclament pas leurs loyers. Sur les pertes d’exploitati­on, jusqu’ici, les assurances nous promènent. L’État a durci le ton à ce sujet. Notre service juridique y travaille. Mais chaque contrat est individuel, personne n’est assuré pour la même chose, on examine les dossiers de nos adhérents dans le Rhône au cas par cas.

Un plan sectoriel est en cours de constructi­on, qu’y a- t- il dedans ?

Tout ce qu’on voudra bien y mettre ! Avec les aides multiples qui existent, il faut savoir tendre le panier. On travaille par exemple à une charte de bonnes pratiques. On ne sera jamais un hôpital, mais on peut protéger clients et salariés. Et plutôt que de tendre le panier, je préférerai­s faire du chiffre d’affaires et redémarrer le plus tôt possible, avoir un travail plutôt que de faire la manche ! »

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