Le Covid- 19 accroît les tensions au Vinatier
C’est un mail cosigné par la direction et la Commission médicale d’établissement, il y a quinze jours, qui a braqué les personnels soignants. Vendredi 10 avril, il demandait en effet aux responsables du pôle Ouest de fermer une des deux unités d’accueil d’entrée adultes de Bron, pour la date du vendredi 17 avril. Soit l’unité Georges- Canguilhem, soit Georges Lanteri- Laura.
« Hostile et violent. » Deux unités de 22 lits chacune ( moins deux lits gelés dans chacune car n’étant pas en chambre individuelle, dix gelés dans le pôle Ouest). « Ça nous laisse sans voix, cette démarche a une dimension hostile et est d’une violence inouïe. On a pris ça comme un coup de pression : soit vous fermez à votre manière, soit nous le ferons » , nous glissait un infirmier du Vinatier. Géraldine Museo, secrétaire générale FO du Vinatier et infirmière dans l’une des deux unités ciblées, jauge cela « dramatique et criminel, on met à la rue des patients qui arrivent des urgences, qui sont schizophrènes, en crise, en dépression ou en état maniaque » .
Les médecins ont aussi fait part, rapidement, de leur opposition, dans un courrier cosigné par les responsables des deux unités et envoyé à la direction. Sous- jacente, aussi, la crainte que le Covid- 19 ne soit l’opportunité de faire tomber un couperet programmé par ailleurs dans le plan de restructuration en trois ans du Vinatier, qui prévoit entre autres la fermeture d’Unités longue évolution ( ULE) dans le cadre d’un plan de retour à l’équilibre.
« Éviter un effet ciseau. »
Dans ce contexte aux multiples points de tension possibles, la direction du Vinatier reconnaît une communication « un peu rapide » , qui a pu « renforcer l’incompréhension » . Mais le directeur de la politique générale, Pietro Chierici, rappelle que la décision a été prise en concertation avec la CME, le directoire, les médecins chefs de pôle, et qu’elle intervient en outre après la fermeture de deux autres unités pour absorber les besoins de la crise. Sa motivation : éviter un « effet ciseau entre la perte de la cinquantaine d’élèves infirmiers qui jusqu’ici nous renforçaient, et le besoin de faire redémarrer à plein l’activité extrahospitalière et ambulatoire » . Quant au plan de restructuration, « il est suspendu pendant le plan blanc » et ce souhait de fermeture au pôle Ouest n’y est donc pas lié, assure la direction. En attendant, ladite fermeture n’a pas encore eu lieu, et « nous rencontrons les responsables d’unités pour gérer la transition sans qu’elle soit problématique » . Un mouvement du personnel devait néanmoins avoir lieu mardi après- midi devant l’établissement, contre une annonce « de perte de primes et de RTT pour les personnels mis en réserve » , selon Géraldine Museo, mais aussi contre la mise en rideau programmée d’une autre des cinq unités d’accueil, l’unité Fanon, qui comptait encore douze patients, et devrait se vider petit à petit d’ici la fin du mois.