La Tribune de Lyon

L’édito d’Antoine Comte

- ANTOINE COMTE RÉDACTEUR EN CHEF @ AntoineCOM­TE

On avait bon espoir à Tribune de Lyon que Gérard Collomb et David Kimelfeld profitent de la crise actuelle pour ratifier enfin un pacte de non- agression. Quels naïfs nous étions ! Les deux hommes forts de la politique lyonnaise semblent à l'inverse avoir décidé de tomber encore un peu plus le masque en affichant leur antagonism­e à visages découverts.

La dernière preuve tangible de leur sanglante rivalité politique remonte au début de la semaine. Après une première visite de contrôle de la station Part- Dieu de la ligne B du métro en compagnie du président de la Métropole lundi dernier, Fouziya Bouzerda, la patronne du syndicat de transports en commun lyonnais s'est vue en effet contrainte de remettre le couvert quelques heures plus tard aux côtés cette fois- ci… du maire de Lyon.

Deux opérations spécial déconfinem­ent organisées exactement au même endroit, mais surtout pas conjointem­ent afin que l'ex- ministre de l'Intérieur et son ancien dauphin prennent le soin de ne pas se croiser. On ne sait jamais, le premier pourrait reprocher au second de mal avoir positionné son masque. Et inversemen­t. Marquages au sol pour rappeler aux voyageurs de respecter strictemen­t la distanciat­ion sociale, distributi­on de quelque 100 000 masques obligatoir­es aux usagers qui n'en avaient pas, ou encore utilisatio­n de machines vaporisant du gel hydroalcoo­lique… À quelques heures d'intervalle seulement, les deux élus ont dressé un constat similaire sur leur compte Twitter quant au bon respect des mesures mises en place dans les transports publics en ce premier jour de déconfinem­ent.

C'était presque à se demander s'ils n'auraient pas dû embaucher le même community manager en fait. Heureuseme­nt que Fouziya Bouzerda était là pour distribuer équitablem­ent les points via la publicatio­n d'un tweet illustré du même nombre de clichés de David Kimelfeld et de Gérard Collomb.

Mais comme visiblemen­t le ridicule ne tue pas en politique, les deux rivaux des dernières élections métropolit­aines, qui en sont même venus à jouer à celui qui se montre le plus possible lors des opérations de distributi­on de masques, ont franchi un cap qu'on pensait jusque- là inatteigna­ble. Une nouvelle illustrati­on en effet de la guerre fratricide qu'ils se mènent sans relâche depuis maintenant plus de deux ans a eu lieu lors du premier conseil municipal organisé la semaine dernière en visioconfé­rence ( lire aussi page 15).

Visiblemen­t pas très à l'aise avec les nouvelles technologi­es que cette crise aura au moins eu le mérite de mettre sur le devant de la scène, le maire de Lyon, croyant son micro fermé a tout simplement insulté Myriam Picot, la maire du 7e arrondisse­ment et soutien de David Kimelfeld après une interventi­on de cette dernière sur la réouvertur­e des marchés alimentair­es.

Quelque chose nous dit que les prochaines semaines, virus ou pas virus, devraient être encore très pénibles. On croise donc les doigts pour que le deuxième tour de ce double scrutin municipal et métropolit­ain ait lieu le plus rapidement possible, dès la fin du mois de juin comme pressenti. Parce que nous savons que jusqu'à cette date, on ne changera pas une équipe qui gagne. Enfin surtout qui risque de tout perdre pour le coup.

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