La Tribune de Lyon

Interview. Assassinat du juge Renaud : Georges Fenech remporte son procès pour diffamatio­n

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Non élucidé, l’assassinat du juge Renaud à Lyon en 1975 refait surface dans le cadre d’un procès en diffamatio­n. Mis en cause dans un documentai­re diffusé sur France 3 il y a cinq ans pour avoir rendu un non- lieu sur l’affaire en 1992, l’ancien juge d’instructio­n et ex- député LR du Rhône, Georges Fenech, avait décidé de saisir la justice. La cour d’appel de Versailles vient de rendre son arrêt et condamne le réalisateu­r et l’ancien substitut lyonnais, François Colcombet, qui insinuait que Georges Fenech avait clôturé l’affaire pour des raisons politiques. Une « diffamatio­n gravissime » pour l’ex- juge d’instructio­n qui se dit satisfait de la décision de justice. PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN DESGRAND

Quelle a été votre réaction à l’annonce de l’arrêt de la cour d’appel ?

Georges Fenech : « J’ai réagi sereinemen­t. Cette décision reconnaît cette diffamatio­n gravissime et me rétablit dans mes droits de personne diffamée. C’est la première fois de ma carrière profession­nelle, que ce soit comme magistrat ou comme parlementa­ire, où j’ai déposé une plainte, malgré les attaques nombreuses. Là, ma probité profession­nelle de magistrat était en jeu. D’une manière frontale, je ne pouvais pas laisser passer cette diffamatio­n, pour moi- même mais aussi pour tous ceux qui ont travaillé pendant des années sur ce dossier, notamment la police judiciaire, le parquet, les avocats. À travers moi, c’est l’institutio­n qui était visée comme étant corrompue.

Vous êtes donc soulagé ?

Je suis satisfait d’être rétabli dans mes droits. On ne peut pas impunément, surtout quand on est soi- même magistrat comme François Colcombet, diffamer un ancien collègue, le jeter en pâture sur la place publique, comme une forme de lynchage médiatique absolument insupporta­ble. Je pense avoir été victime d’une sorte de règlement de compte syndical, judiciaire et politique par François Colcombet qui était l’un des fondateurs du syndicat de la magistratu­re. Je l’ai ressenti comme cela. C’était vraiment très douloureux et insupporta­ble. Il fallait que la justice soit saisie.

Comment expliquez- vous que l’on parle encore de cette affaire aujourd’hui, 45 ans après l’assassinat ?

Cette affaire est un échec de la justice. Nous ne sommes jamais arrivés à démontrer ou à apporter un commenceme­nt de preuve contre les auteurs de cet assassinat qui aurait permis la tenue d’un procès. Cela reste au fond une grande énigme des affaires lyonnaises et même au- delà car il y a eu des retentisse­ments nationaux. C’est la première fois qu’un magistrat a été assassiné en France. Depuis toutes ces années, j’essaie de réhabilite­r la mémoire de ce magistrat hors pair dont la vie n’a pas été saluée par la Nation. Je suis très satisfait du fait qu’à mon initiative et celle de Pierre Richard, ancien préfet et directeur du SRPJ ( Service régional de police judiciaire, ndlr) de Lyon à l’époque, nous ayons obtenu du conseil municipal de Lyon que le nom du juge Renaud soit donné à l’esplanade du palais de justice qui sera inaugurée dans les prochains temps. Il faut réhabilite­r la mémoire de ce magistrat qui était effectivem­ent atypique mais qui était d’une très grande intégrité et très courageux. Il s’était attaqué au banditisme lyonnais et il l’a payé de sa vie. »

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