La Tribune de Lyon

De nouvelles façons de travailler

Kader Si- Tayeb « L’adaptabili­té doit s’ancrer dans la formation de nos jeunes »

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Télétravai­l, conférence en ligne, digitalisa­tion… En quelques semaines, la pandémie a poussé chacun à repenser notre façon de travailler. Jusqu’à changer nos pratiques sur le long terme ? Alors que Lyon doit accueillir en 2023, les Olympiades des métiers, la WorldSkill­s Competitio­n

( lire ci- contre), Kader Si- Tayeb, délégué général de Worldskill­s France, estime que la situation actuelle nous amène avant tout à développer deux compétence­s clés : l’agilité et la flexibilit­é.

Pensez- vous que les semaines que nous venons de vivre vont changer notre rapport au travail ?

Kader SI- TAYEB : « La situation actuelle nous montre toute l’importance de ce que l’on appelle les soft skills : la prise d’initiative, de responsabi­lité, le travail en équipe, la créativité, etc.

Face à une situation extraordin­aire, nous n’avons pas eu d’autres choix que de nous adapter, de trouver de nouvelles alternativ­es. Votre boulangère s’est peut- être mise à faire de la vente à distance alors qu’elle pouvait être réfractair­e au numérique. Il a fallu cette crise pour la pousser à franchir le pas. Maintenant, la question c’est : comment on garde ce réflexe pour qu’à l’avenir on continue à s’ouvrir à de nouvelles compétence­s ?

Je pense que cette adaptabili­té doit s’ancrer dans la formation de nos jeunes, toutes filières confondues, car elle nous fait progresser. Nous devons être capables d’évoluer en fonction des circonstan­ces.

Qu’en est- il du télétravai­l, encore encouragé aujourd’hui ? Peut- il s’inscrire durablemen­t dans nos pratiques ?

Avec cette crise, il y a clairement eu une forme de prise de conscience sur ce qu’est vraiment le télétravai­l. Beaucoup d’employeurs pouvaient avoir des craintes quant à son efficacité, du fait que les salariés ne sont pas en présentiel au bureau. Mais, au final, on s’est rendu compte que l’on pouvait responsabi­liser les gens, leur donner plus de liberté et de flexibilit­é. Nous- mêmes à Worldskill­s France, nous voulons conserver une part de télétravai­l même si nous sommes en train de chercher des locaux à Lyon vers La Soie. Il faut garder cette agilité dans notre façon de travailler.

De manière générale, quel regard portez- vous sur la crise économique engendrée par la pandémie ?

Pour nous, ce qui est important c’est d’essayer d’avoir une vision sur le long terme. Même si la situation est aujourd’hui difficile, il ne faut pas oublier les jeunes en les mettant de côté, car c’est la relève. Nous avons déjà connu des situations similaires dans le passé où, pendant une période de crise, on faisait moins appel aux apprentis. Quand la situation s’est améliorée, on s’est rendu compte que l’on avait créé un “gap génération­nel”. Pour l’éviter, les entreprise­s doivent continuent à embaucher des apprentis. »

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Kader Si- Tayeb, délégué général de Worldskill­s France.

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