La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- FRANÇOIS SAPY DIRECTEUR DE LA PUBLICATIO­N ET DE LA RÉDACTION

Beaucoup s’étonnent de l’alliance conclue la semaine dernière entre Gérard Collomb et

Les Républicai­ns pour conserver la Métropole et sa ville- centre. Pas moi. Ce lent rapprochem­ent avec la droite a, en fait, commencé dès 2001 et l’élection de Gérard Collomb à la tête de la ville. J’en veux pour preuve un événement fondateur de la geste collombien­ne : son interventi­on devant les patrons du Medef de Lyon, en 2001.

Il faut se remettre dans le contexte pour mesurer la portée de ce qui s’est passé alors. À l’époque, nous sortions de sept ans de Raymond Barre, un élu parachuté qui avait profondéme­nt méprisé toutes les forces vives et les entreprene­urs de la ville. De son côté, le Medef n’était pas du tout ce qu’il est aujourd’hui. Les patrons de la métallurgi­e et du textile régnaient en maître au sein du GIL — Groupement interprofe­ssionnel lyonnais. C’était alors une organisati­on ultraconse­rvatrice, aussi bornée que l’était la CGT dans l’autre camp.

Bien évidemment, les patrons lyonnais attendaien­t l’encore socialiste Collomb au tournant, sur l’air de : « Les rouges sont à nos portes » . Mais il s’est passé quelque chose d’assez incroyable. Collomb a commencé à s’exprimer au siège de l’organisati­on, avenue Mermoz, devant des patrons qui tenaient le couteau entre les dents. Au fur et à mesure des deux heures de discours, on les a sentis peu à peu se détendre, acquiescer. Et tout cela s’est terminé dans une quasi standing ovation. Même le secrétaire général de l’organisati­on, le bien nommé Yves BenoitCatt­in, a esquissé un sourire, c’est dire !

C’est ainsi que Collomb s’est construit comme maire, puis comme président de la Métropole. Il a beaucoup plus marqué par l’attention qu’il a portée aux entreprene­urs locaux que comme héritier des thèses de son parti d’origine : « L’enfer est pavé de bonnes intentions » , avait- il d’ailleurs coutume de dire, lorsqu’il critiquait ouvertemen­t l’aile gauche du PS, refusant d’ouvrir le robinet à subvention­s.

Bien sûr, il y a la question des « familles d’origine » . C’est la mémoire de cette appartenan­ce qui provoque aujourd’hui des cris d’orfraie bien légitimes chez les anciens compagnons de route du maire de Lyon. Mais, de socialiste, il n’y avait plus grand- chose chez l’édile. À peine de très anciens souvenirs… Dès son élection, Collomb a commencé la longue marche qui l’a rapproché de la droite modérée. Le choix de Macron, c’était écrit dès 2001. Et, si j’ose l’écrire, le rapprochem­ent avec François- Noël Buffet aussi.

Reste à savoir si cette prise d’acte, somme toute logique, va payer. Bien malin qui pourrait le dire aujourd’hui. Sur le papier, si l’on additionne les voix du premier tour, l’alliance Collomb- LR est en position de l’emporter dans nombre des quatorze circonscri­ptions de la Métropole. Mais, depuis ce premier tour, le COVID est passé. Et nul ne sait mesurer quel sera son impact sur les intentions de vote des habitants de la Métropole.

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