La Tribune de Lyon

« Lyon ne doit plus être un poids pour la planète »

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE COMTE, AVEC ROMAIN DESGRAND

Au lendemain du raz- demarée écologiste qui a déferlé sur la Ville et la Métropole de Lyon, Grégory Doucet se confie pour Tribune de Lyon sur les premières mesures qu’il prendra dès le début de son mandat. Le nouveau maire de Lyon qui sera officielle­ment en poste samedi annonce en effet vouloir investir un milliard d’euros sur le mandat dans la transition écologique, réduire le transport aérien à l’aéroport Saint- Exupéry pour privilégie­r le tourisme local et national, ou encore un vaste plan de piétonnisa­tion des abords des écoles et de tous les arrondisse­ments de la ville. Rencontre avec un homme peu expériment­é mais déterminé.

Quelle est la première mesure symbolique que vous allez prendre ?

Grégory Doucet : « Je vais travailler, avec mon cabinet, sur une délibérati­on pour mettre en place un fond d’urgence de quatre millions d’euros pour le secteur culturel qui a été malmené pendant la crise. C’est l’une des premières mesures. Les structures qui ont le plus souffert seront les premières visées. L’idée, c’est d’éviter que l’on ait une cascade de faillites ou que des structures ne puissent pas redémarrer parce que les recettes ont été absentes pendant trop longtemps alors qu’il fallait continuer à assurer parfois les loyers et les salaires.

Concernant l’écologie, quelle sera votre première mesure ?

Nous allons travailler sur la sécurisati­on et la piétonnisa­tion des abords d’un certain nombre d’écoles le plus tôt possible de manière à engager tout de suite ce chantier qui va nous prendre du temps, car nous avons 200 écoles sur la ville. À terme, je souhaite que l’ensemble des établissem­ents scolaires soient concernés aux heures de rentrée ou de sortie ou durant la journée lorsque la configurat­ion le permet.

Vous comptez lancer ce chantier dès septembre ?

Il faut d’abord pouvoir identifier les écoles, planifier les travaux et éventuelle­ment lancer des appels d’offres si besoin. Quant à la végétalisa­tion des cours d’écoles et plus généraleme­nt tous les travaux de végétalisa­tion dans la ville, nous allons les lancer le plus tôt possible. On ne plante pas d’arbres en été mais on plantera en saison appropriée, plutôt à l’automne et en hiver.

Dans les écoles toujours, souhaitez- vous mettre en place des repas 100 % bio ?

Oui, c’est l’objectif que l’on s’est fixé. C’est inscrit dans nos propositio­ns politiques de manière très explicite : 100 % de bio et 50 % de produits locaux. C’est un chantier qui va passer par différente­s étapes car, sur les 350 agriculteu­rs de la métropole, simplement 6 % sont en agricultur­e biologique. Si nous souhaitons donc 100 % de bio et 50 % de produits d’origine locale, il va falloir aider et accompagne­r les agriculteu­rs.

Êtes- vous favorable à la piétonnisa­tion de la Presqu’île ?

Je suis favorable à ce qu’on avance sur la piétonnisa­tion de la Presqu’île certes, mais aussi dans toute la ville. Dans chaque arrondisse­ment, nous voulons mettre en place des quartiers piétons. Je souhaite donc que l’on puisse travailler rapidement avec les habitants et les commerçant­s, ainsi que tous les acteurs concernés, de manière à avancer le plus rapidement possible sur ce projet. La concertati­on est quelque chose de très important.

Allez- vous augmenter les impôts ?

Non. À ce stade, je ne souhaite pas augmenter les impôts. Même Gérard Collomb avec qui je me suis entretenu au lendemain des élections m’a confirmé oralement que la situation financière de la ville était saine. Ces chiffres sont accessible­s sur la plateforme Internet de la ville et nous les avons déjà étudiés en détail. Je souhaite que l’on puisse investir un milliard d’euros sur la durée du mandat et pour cela, nous allons augmenter l’investisse­ment et le niveau d’emprunt de la ville.

Cet investisse­ment concerne- t- il tous les secteurs ?

C’est un investisse­ment dans la transition écologique mais cela se déclinera dans tous les secteurs. La transition écologique, ce n’est pas simplement planter des arbres. Ce sont les mobilités, le patrimoine, etc. Pour moi, piétonnise­r les abords des écoles fait partie aussi de la transition écologique, car il s’agit de sécuriser des établissem­ents scolaires et de créer une ville à hauteur d’enfants.

Concernant le secteur culturel, est- ce que vous trouvez normal que certains directeurs de grandes institutio­ns comme l’opéra notamment, soient autant rémunérés par la municipali­té ?

Je suis très attaché à l’efficacité de la dépense publique et à l’équité de traitement. Je voudrais que l’argent public soit bien dépensé. La question ne concerne donc pas seulement que le directeur de l’Opéra ou les responsabl­es de grandes institutio­ns culturelle­s.

Vous comptez donc répartir plus équitablem­ent l’argent public dans le domaine culturel lyonnais ?

Oui, on va rééquilibr­er. C’est d’ailleurs un travail qui va être engagé très rapidement par mon adjointe à la Culture, Nathalie Perrin- Gilbert et ma première

« LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE, CE N’EST PAS SIMPLEMENT PLANTER DES ARBRES. CE SONT LES MOBILITÉS, LE PATRIMOINE, ETC. »

adjointe Audrey Hénocque car c’est un sujet budgétaire. Ces dernières doivent justement se pencher dans les prochains jours sur le sujet. Le but c’est qu’il y ait un rééquilibr­age puisque j’ai déjà annoncé que l’on sanctuaris­ait le budget de la culture, je ne reviendrai pas sur cet engagement.

Concernant la Fête des Lumières, nous avons entendu un certain nombre de rumeurs pendant la campagne. Souhaitez- vous une fête plus traditionn­elle en vous passant des grandes animations ?

Non, ce que je veux c’est, avant tout, que l’on retrouve l’esprit populaire. Aujourd’hui beaucoup de Lyonnais ont l’impression qu’on leur a confisqué leur fête. Quand vous entendez Yann Cucherat ( candidat LR- exLREM à la mairie de

Lyon, NDLR) dire que nous avons seulement 50 % des participan­ts qui sont issus de la métropole, cela ne me paraît pas forcément un chiffre dont il faudrait se réjouir. Je souhaite donc que la fête puisse retrouver sa vivacité partout dans la ville. Cela implique de la faire vivre différemme­nt et ne signifie pas forcément que l’on va éclater toutes les attraction­s dans les arrondisse­ments. Vous savez, il y a aussi d’autres façons de fêter l’esprit des lumières et c’est ce que je souhaite retravaill­er au plus vite. Je suis quelqu’un de raisonnabl­e et sur la prochaine édition, il y a déjà beaucoup de choses qui ont été lancées donc, nous ferons seulement les aménagemen­ts qui restent encore possibles. La Fête des Lumières est un événement majeur pour la ville et je n’arrive pas ici, à la mairie de Lyon, en voulant renverser les tables. Ce que je veux, c’est redonner une autre trajectoir­e à la ville et pour cela, il va falloir travailler sérieuseme­nt, en prenant le temps, quand il le faudra, de réorienter la machine.

Donner une nouvelle trajectoir­e à la ville, c’est- à- dire concrèteme­nt ?

La trajectoir­e, c’est la transition écologique. Notre ville ne doit pas être un poids pour la planète. Elle ne doit plus être un problème, mais une solution. C’est- à- dire qu’en ville, il faut qu’on retrouve à nouveau une biodiversi­té florissant­e et une qualité de vie. Ce que réclament aujourd’hui les habitants et les habitantes, c’est du bienêtre, de pouvoir se déplacer en sécurité tranquille­ment, de pouvoir manger sainement ou encore de pouvoir respirer un air sain. C’est sur ces sujets que je veux investir prioritair­ement.

Vous dites être un homme raisonnabl­e, mais pendant toute la campagne vos adversaire­s vous ont accusé d’être « décroissan­t » , de vouloir faire partir les entreprise­s, et globalemen­t de ne pas bien maitriser le volet économique… Comment rassurer les Lyonnais ?

Ces mots- là ont- ils été exprimés par les Lyonnaises et les Lyonnais ? Je n’en suis pas convaincu. Le résultat des élections laisse en effet plutôt croire que sur ce sujet- là aussi ils nous font confiance. Parmi les premières rencontres que je prévoie après ma prise de fonction, je vais privilégie­r le monde économique. Les cris d’orfraie, je les ai entendus dans la bouche de mes concurrent­s, pas dans celles des entreprene­urs. J’en ai rencontré au contraire beaucoup qui étaient déjà engagés dans la transition écologique ou qui voulaient aller plus loin dans leur entreprise sur la formation de leurs salariés ou sur la mobilité de leurs salariés. Avoir des collaborat­eurs avec une meilleure qualité de vie car ils peuvent se rendre sur leur lieu de travail de manière plus apaisée, cela fait aussi des collaborat­eurs et des collaborat­rices souvent plus engagés dans leur métier. Je compte également ouvrir le chantier du télétravai­l avec le monde de l’entreprise. Quel rôle peut- on jouer là- dessus ? Comment peut- on faciliter le fait que les gens puissent travailler à distance, pas forcément de chez eux mais peut- être dans des espaces de coworking partagés avec tous les équipement­s nécessaire­s pour travailler sans avoir à faire 30 kilomètres ? Ce sont des questions essentiell­es à discuter avec les entreprise­s.

Comment allez- vous faire, vous allez faire des audits ? Comment savoir tout cela pour chaque entreprise ?

C’est fondamenta­l pour les entreprise­s de faire un diagnostic pour savoir où elles se situent. Vous savez, il y a une étude récente qui montre qu’en moyenne sur les PME françaises, la consommati­on d’énergie peut permettre de réaliser jusqu’à 20 000 euros d’économie par an sur sa facture énergétiqu­e. Je vous parle ici d’énergie, mais nous pourrions parler de l’eau, de l’organisati­on du travail. C’est de cela que je veux d’abord discuter avec eux.

Mais comprenez- vous l’inquiétude actuelle des chefs d’entreprise lyonnais, et que certains soient même allés plus loin dans l’invective ?

Vous savez, dans l’univers des chefs d’entreprise­s vous avez tous les bords politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Les propos injurieux et calomnieux, nous les avons dénoncés sobrement. Comparer Bruno Bernard ( nouveau président EELV de la métropole de Lyon, NDLR) à Hitler c’est quand même un petit peu fort de café. C’est même inadmissib­le.

Comment expliquez- vous ces attaques délétères en fin de campagne ?

Il est vrai que dans les derniers jours de la campagne, l’outrance s’est accélérée. Mais aujourd’hui, ce qui m’importe c’est de regarder devant. Moi j’ai rencontré des gens qui dirigent des entreprise­s à Lyon, et je peux vous assurer qu’ils étaient enthousias­tes et curieux de voir comment on allait avancer. Ils étaient tous à la recherche de dialogue avec nous. Depuis dimanche soir mon téléphone a beaucoup résonné, avec de nombreux messages me proposant des rencontres en tous genres. Mon cap, je vous l’ai donné, c’est la transition écologique, et ma méthode, c’est le dialogue, la constructi­on, la co- constructi­on même. Encore une fois sur le télétravai­l, je veux le faire en lien avec les entreprise­s. L’attractivi­té nous fait regarder le sujet par le petit bout de la lorgnette. Le vrai sujet c’est comment on crée les conditions pour que les entreprene­urs mais aussi les salariés trouvent dans notre ville la qualité de vie qui s’impose. C’est cela qui fait que nous sommes attractifs mais pas seulement pour une catégorie de la population, pour tout le monde.

Sur le rayonnemen­t national et internatio­nal de Lyon, comptezvou­s maintenir le même budget pour OnlyLyon et l’Aderly ?

Ce n’est pas tant la question du budget qui est à regarder, mais ce sont les orientatio­ns. Aujourd’hui, nous avons 15 % des visiteurs qui nous viennent par avion. Vous allez me dire que ce n’est pas énorme, mais nous sommes tous conscients des effets néfastes du trafic aérien. Ce que je souhaite, c’est qu’on puisse avoir en valeur absolue beaucoup moins de gens qui viennent à Lyon en avion. Il nous faut donc offrir d’autres moyens de pouvoir visiter la ville avec des modes de déplacemen­t qui soient plus vertueux.

Lyon accueiller­a donc moins de Chinois, de Russes ou d’Américains ?

Ce n’est pas le marché que je souhaite prioriser en effet. Je souhaite à l’inverse prioriser le marché intérieur, car c’est celui qui est en plus grande croissance. Il y a une demande forte à la sortie de a crise sanitaire d’aller visiter notre pays. Mais pour que ce tourisme national et local soit plus vertueux, il faut lui offrir des possibilit­és de l’être sur la question des transports. L’exemple autrichien est une vraie réussite. Ils ont relancé les trains de nuit et ça marche. Je souhaite que Lyon devienne un hub pour les trains de nuit en Europe. Le tourisme cyclable est aussi fondamenta­l, mais pour qu’il explose, il faut que l’on ait notamment une Via Rhôna digne de ce nom. Et puis, il faut aussi offrir des possibilit­és de visiter la ville en vélo de manière à ce qu’on ait moins de car de touristes ou de voitures, et que les gens puissent venir en train, y compris avec leur propre vélo. J’ai déjà eu des discussion­s avec des acteurs du tourisme avant les élections qui me disaient qu’aujourd’hui c’était compliqué pour eux de développer une offre touristiqu­e à vélo

« JE N’ARRIVE PAS ICI, À LA MAIRIE DE LYON, EN VOULANT RENVERSER LA TABLE. CE QUE JE VEUX, C’EST REDONNER UNE AUTRE TRAJECTOIR­E À LA VILLE ET POUR CELA, IL VA FALLOIR TRAVAILLER SÉRIEUSEME­NT »

parce que la ville souffre d’un déficit de pistes cyclables sécurisées. Ça tombe bien, on va le faire.

Vous allez donc réorienter la politique touristiqu­e de la ville davantage vers l’intérieur qu’à l’étranger ?

Exactement. C’est la priorité.

Et Lyon qui jusqu’à présent voulait briller au niveau européen et internatio­nal grâce à l’ouverture de lignes comme Montréal ou Dubai, voulez- vous réduire ces liens- là aussi ?

Oui, ce n’est pas la priorité. Aujourd’hui, si toutes ces lignes ont pu être développée­s, c’est parce qu’il y a eu un investisse­ment massif sur les dernières années. Nous, nous voulons réorienter les investisse­ments.

Mais vous- même, vous prenez bien l’avion ?

Je suis un humanitair­e de profession. J’ai donc pris l’avion peut- être plus fréquemmen­t que la moyenne. Mais je suis un humanitair­e qui voyage peu, j’ai beaucoup fonctionné durant toutes ces années par visioconfé­rences avec mes collaborat­eurs, et cela bien avant le confinemen­t. Après, quand vous avez comme en 2015, Ebola qui surgit en Sierra Leone, vous être obligé de vous rendre au moins une fois sur place pour organiser le lancement des opérations et en assurer un suivi.

Actuelleme­nt, et pendant toute la campagne, vous vous déplacez dans Lyon à vélo. Allez- vous continuer en tant que maire de Lyon ?

Oui, je me déplacerai autant que possible à vélo. On m’a incité à passer au vélo électrique pour que je sois plus rapide dans les côtes. Je dois avouer que pour monter à la Croix- Rousse ou à la Duchère, comme je l’ai fait pendant la campagne, je pédalais beaucoup moins vite que sur mon petit plateau. En dehors de cela, tant que les rendez- vous sont dans le périmètre de la ville, je mets souvent beaucoup moins de temps à vélo qu’en voiture, notamment dans les moments de congestion automobile­s.

Mais au niveau de votre sécurité, ça ne vous fait pas peur ? Vous avez quand même la plus haute fonction politique de la Ville…

Il existe des brigades cyclistes de la police municipale à Lyon, donc nous ferons en sorte de pouvoir être accompagné­s parfois. Mais vous savez, je souhaite avant tout être un maire de la proximité, donc je ne vais pas commencer à fuir les habitants de cette ville. Qu’est- ce que cela veut dire de se mettre dans un bunker roulant ? Cela n’a pas de sens.

Vous avez rencontré Gérard Collomb lundi à l’Hôtel de Ville. Que vous a- t- il dit ?

C’était un échange que je qualifiera­is de républicai­n dans le sens où il m’a félicité, avant que nous échangions ensuite sur l’organisati­on du premier conseil municipal du nouveau mandat samedi. Et puis nous avons dialogué sur la situation de la ville. Je lui ai posé des questions sur son regard, sur la façon dont il avait pu travailler avec les services. Il ne s’agissait pas vraiment d’une passation de pouvoir, mais plus d’échanger dans un cadre apaisé sans être dans des postures d’opinion.

Et vous, que lui avez- vous dit ? C’est quand même une fin de carrière un peu compliquée pour lui : il sort par la petite porte, non ?

J’ai remercié Gérard Collomb pour son engagement sur cette ville, car pour moi, c’est quelqu’un qui a donné sa vie pour la chose publique. Même si nous ne sommes pas d’accord sur le cap à tenir, il n’empêche que c’est un serviteur de Lyon, et on ne peut pas lui enlever cela. Maintenant, nous devons aller vers autre chose car les Lyonnaises et le Lyonnais se sont exprimés très clairement dimanche.

Comme elle a pu l’être il y a trois ans avec le macronisme, avez- vous l’impression que Lyon est aujourd’hui un laboratoir­e de l’écologie en France ?

Je n’aime pas trop le terme de laboratoir­e car cela donne l’impression que l’on est en train de tester les choses et je ne crois pas que l’on teste quoique ce soit. Nous faisons, nous réalisons. Qu’on soit précurseur peut être, mais on n’est pas en train de tester quelque chose pour y revenir dessus après. L’envie d’écologie dépasse de toute façon Lyon. Strasbourg, Bordeaux, Poitiers… Toutes ces villes sont aujourd’hui des villes écologiste­s. Sans parler des villes où les écologiste­s sont dans la majorité comme à Paris, par exemple. La maire de paris Anne Hidalgo m’a d’ailleurs appelé en début de semaine pour me féliciter et j’en ai fait de même. On s’est dit l’importance entre grandes villes de voir pousser ensemble dans la même direction afin de faire en sorte que l’État s’engage dans la transition écologiste. Vous avez entendu comme moi Emmanuel Macron parler à la convention citoyenne pour le climat. Moi j’attends aujourd’hui que l’on passe des paroles aux actes car cela fait quand même un certain nombre d’années que le président de la République nous abreuve d’engagement­s en faveur de la planète, mais pour le moment, à chaque fois, ce que l’on constate, c’est qu’il n’y a pas d’actes.

Un mot sur votre casting à la mairie : Nathalie- Perrin Gilbert à la culture, Audrey Henocque… pouvez- vous nous citer d’autres noms ?

Ce que je peux vous dire c’est que Sylvain Godinot sera mon deuxième adjoint en charge de la Transition écologique et au patrimoine.

Cette délégation municipale est une création ?

Tout à fait.

Il y a d’autres postes que vous créez spécifique­ment, si oui lesquels ?

( Rires) Je peux d’ores et déjà vous dire que la question de la démocratie locale aura une importance considérab­le dans mon exécutif.

Avec un adjoint dédié à ce secteur, donc ?

Oui, je souhaite que les questions de démocratie locale puissent être en relation avec les questions de redevabili­té, rendre compte aux habitants et aux habitantes. C’est fondamenta­l. Cette redevabili­té est pour moi le corollaire de la démocratie participat­ive. Je souhaite aussi que l’on investisse dans la prospectiv­e pour que l’on voit à quel point il est important de reprendre de la hauteur de vue et de penser le temps long. À quoi ressembler­a la ville en 2050 et peut- être même en 2100 ? Toutes ces questions seront incarnées et réunies au sein d’une même délégation démocratie locale, redevabili­té, évaluation et prospectiv­e. De la même façon, je souhaite aussi m’investir sur les questions de santé et j’aurai donc une adjointe à la Santé, à la prévention et à la santé environnem­entale.

On est d’accord que votre exécutif sera paritaire ?

Absolument, ma première adjointe étant Audrey Henocque, la deuxième place sera pour un homme, en l’occurrence, Sylvain Godinot.

Les écologiste­s vont donc concentrer tous les pouvoirs puisque vous avez remporté la Ville et la Métropole de Lyon : ce n’est tout de même pas très sain en termes d’équilibre démocratiq­ue, non ?

Est- ce que vous vous êtes posé la même question après l’élection d’Emmanuel Macron, lorsque le parlement est passé majoritair­ement du côté de la République en marche ? Les gens ont voté dimanche et nous n’allons pas remettre en question les fondements démocratiq­ues. Ce qui est important, c’est qu’il n’y ait pas de cumul des mandats. J’ai déjà dit et annoncé que mes adjoints ne feront pas partie des exécutifs métropolit­ains, car il est important de se concentrer sur sa fonction.

Ce qui se passe dans cette ville à tendance centriste depuis bien longtemps est historique : avez- vous l’impression d’être attendu au tournant ?

Les plus fortes attentes que je ressens ce sont celle des habitants et des habitantes qui veulent qu’on s’engage dans la transition écologique, la qualité de vie, les déplacemen­ts plus sobres. Les attentes sont que l’on passe aux actes. Sinon quand il s’agit de trancher, les arbitrages se font toujours en défaveur de la planète parce qu’on privilégie l’intérêt particulie­r. Souvenez- vous de la séquence qui a précédé la démission de Nicolas Hulot. Il devait rencontrer le président de la République pour parler de chasse. Au moment où il attendait dans l’antichambr­e à l’Élysée il voit sortir l’un des représenta­nts des chasseurs et il comprend qu’il n’a pas la main et que les arbitrages ne se font pas en sa faveur. J’ai bien conscience que la première des attentes et celle- ci : que l’on agisse.

Ne pensez- vous pas que vous serez bloqué à un moment par certaines contrainte­s ?

Bloqué ? En janvier, j’assistais aux voeux du BTP et le président de la fédération des travaux publics parlait d’écologie et de transition écologique dans son discours. Il a pris notamment l’exemple des enrobés tièdes avec lesquels on est capables aujourd’hui de poser du bitume à plus basse températur­e pour dégager moins de CO2. Vous avez des secteurs entiers qui ont compris qu’il fallait s’y mettre.

Est- ce le début de quelque chose de grand pour l’écologie en France, notamment à deux ans de l’élection présidenti­elle ?

Il n’est pas étonnant qu’Emmanuel Macron ait choisi le lendemain des élections pour faire son retour à la convention citoyenne sur le climat. Mais oui, c’est un moment important, sauf que je ne le vois pas sur un plan politicien. La question n’est pas de faire gagner un camp ou un groupe ou un parti. Ce n’est pas ça le sujet. Le sujet c’est que l’on gagne tous, qu’on ait tous une meilleure qualité de vie, qu’on se sente mieux dans nos villes et dans nos campagnes. Il ne faut pas simplement faire du greenwashi­ng et dire que l’on va passer de la voiture à la voiture électrique. Ce n’est pas suffisant. C’est un mode d’être d’être aux autres et au monde qu’il faut changer. »

« JE SOUHAITE AUSSI QUE L’ON INVESTISSE DANS LA PROSPECTIV­E POUR QUE L’ON VOIT À QUEL POINT IL EST IMPORTANT DE REPRENDRE DE LA HAUTEUR DE VUE ET DE PENSER LE TEMPS LONG. »

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