La Tribune de Lyon

Exclusif. Vers un licencieme­nt massif à l’Alliance française de Lyon

- ROMAIN DESGRAND

Particuliè­rement impactée par la crise sanitaire et économique, l’Alliance française de Lyon devrait prochainem­ent lancer un large plan de l icenciemen­ts. L’associatio­n spécialisé­e dans l’enseigneme­nt de la langue française pour les étrangers a, en effet, subi de plein fouet les conséquenc­es du confinemen­t avec une réduction drastique de son nombre d’étudiants, passant d’environ 500 personnes accueillie­s simultaném­ent en temps normal, à tout juste un peu plus de 100 aujourd’hui. Un choc qui met à mal l’équilibre économique de cet établissem­ent privé d’enseigneme­nt supérieur. Selon nos informatio­ns, la direction envisagera­it ainsi de licencier 27 des 35 salariés aujourd’hui en poste ( enseignant­s et personnel administra­tif). « C’est énorme » , regrette un employé qui préfère témoigner sous couvert d’anonymat. « On pense que la direction va trop vite et nous demandons plus de temps, poursuit- il. L’activité va reprendre progressiv­ement. On ne conteste pas les difficulté­s et la nécessité de licencieme­nts économique­s mais, en attendant un peu, on pourrait limiter la casse sociale dans l’équipe. »

Penser à l’avenir.

De son côté, la direction ne confirme pas pour l’instant le chiffre des 27 licencieme­nts économique­s mais atteste cependant des fortes turbulence­s traversées par la structure.

« Nous sommes en train d’essayer de voir comment on peut passer le cap sachant que plus de 80 % des clients viennent de la zone hors espace Schengen. La plupart sont retournés chez eux avant le confinemen­t et ne sont toujours pas revenus » , explique le directeur Grégoire Brault, qui assure que la situation ne résulte en aucun cas de la mauvaise gestion de la structure et que la majorité des Alliances françaises sont en difficulté.

« Objectivem­ent, la réalité du FLE ( Français langue étrangère, ndlr) dans l’année à venir va être extrêmemen­t compliquée pour nous comme pour toutes les autres entités. On essaie de s’offrir un avenir. Si on laisse les choses telles quelles, l’Alliance française de Lyon n’existera plus. »

Mise en veille.

L’associatio­n souhaite ainsi « enjamber » la période de crise dans l’espoir de réembauche­r à nouveau au printemps prochain. « La stratégie de la direction serait de mettre en veille l’activité en essayant de tenir en faisant des passations d’examen, ce qui représente une toute petite part du chiffre d’affaires, et quelques cours du soir » , détaille notre témoin.

Pour sauver leurs emplois, les salariés ont aussi tenté d’interpelle­r les élus locaux. « Il faut environ un million d’euros pour sauver l’Alliance française de Lyon, estime le salarié. Notre plan de bataille serait de solliciter la nouvelle majorité de la Métropole. De nombreux étudiants viennent chaque année et participen­t à la vie de la métropole. C’est un peu une image pour Lyon, un rayonnemen­t à l’étranger. C’est sauvable politiquem­ent parlant. » Créée il y a plus de 35 ans, l’Alliance française de Lyon accueille normalemen­t entre 1 800 et 2 000 étudiants chaque année.

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Les cours ont repris début juin dans le bâtiment de la rue Bourdan ( Lyon 3e), mais le nombre d’étudiants demeure trop faible.

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