La Tribune de Lyon

À table. Arvine : Curnonsky, le retour

-

Avant de passer à table, un peu d’histoire récente. Rrrr- zzzz… Non, ce ne sera pas long. Curnonsky était un resto croix- roussien, hommage au critique gastronomi­que qui avait nommé Lyon « capitale de la gastronomi­e » . C’est pas faux, diront certains, l’écharpe de l’OL autour du cou. Bref, le chef Benjamin Capelier avait vendu. Beaucoup attendaien­t son retour, sa cuisine originale, en même temps que sa collection de chouettes bouteilles. Le revoilà en plaine, sous le nom d’Arvine ( un cépage qui prend place dans les particular­ismes helvètes avec le fromage fondu et l’horlogerie). Et voilà aussi de fait une bonne table pour la rentrée, qu’on pourrait qualifier de bistronomi­que, si le chef ne préférait plutôt parler de « gastronomi­e décomplexé­e » ( cela ne veut pas dire qu’il travaille en slip avec un masque en jambon cru). La carte pourrait en désoriente­r certains. Seuls les noms des produits sont annoncés, ne donnant pas vraiment une image mentale du plat. Ainsi, canard/ haricot vert/ maïs en entrée ou chocolat/ shitake/ poivre en dessert… Les âmes taquines pourraient faire oeuvre de créativité dans le genre avec un veau/ carottes/ crème/ citron pour annoncer une blanquette. Il faut donc faire confiance, et c’est bien plus excitant ainsi.

Sibyllin. Revenons à notre canard, donc en visuel direct live, des coeurs de canard, alignés en travers de l’assiette avec des morceaux de papada, ( une partie du cou de cochons ibériques), assaisonné­s d’herbes, de câpres et de vinaigre de Xérès, sur un cercle en crème de maïs. On aime ce côté à la fois ingénieux dans les accords, comme toute la cuisine de Benjamin Capelier, fins mais aussi « crochet du droit » quand cela nécessite de la puissance. Excellent aussi le gambas/ avocat/ aneth. Le crustacé,

tout nu, est cru, accompagné d’un gel de pamplemous­se et d’un sorbet citron aneth, inattendus, et d’une mayonnaise fumée qui donne un coup de feu de cheminée au plat. Poulpe/ pois chiche/ aubergine ( plus poivron grillé, coriandre, soubressad­e, en niveaux gustatifs cachés) était aussi une excellente option. Point important, le chef, qui n’est pas pâtissier — mais a fait Sciences Po pour info — excelle dans les desserts, comme ce riz au lait siphonné au poivre de tonka et sorbet fruit de la passion maison. Et à la question qu’emporterie­z- vous sur une île déserte, on opterait bien pour sa collection paradisiaq­ue de bouteilles ( et un abonnement à Tribune de Lyon, me prie d’ajouter mon patron).

 ??  ??
 ??  ?? De gauche à droite, Benjamin chef et associé, Manon et Thibault, les gérants.
De gauche à droite, Benjamin chef et associé, Manon et Thibault, les gérants.

Newspapers in French

Newspapers from France