L’édito de François Sapy
Il faut lire l’interview de Valérie Portheret réalisée par notre journaliste Romain Desgrand.
Et aussi, à peine votre hebdomadaire refermé, vous plonger dans son ouvrage Vous n’aurez pas les enfants, le fruit d’une enquête de vingt- cinq ans menée tout autour du monde. Vingt- cinq années pendant lesquelles l’historienne a patiemment reconstitué le récit saisissant du sauvetage d’enfants juifs par des Lyonnais ordinaires. Ce jour de 1942, le 26 août, 1 016 juifs sont raflés, dont 108 enfants, afin de répondre à un ordre de Pierre Laval qui a promis aux Allemands de leur livrer 10 000 juifs étrangers basés en zone « libre » . Ils sont parqués à Vénissieux dans l’attente de leur déportation. Un incroyable réseau de solidarité se constitue alors en vue de sauver le maximum d’enfants. Il y a là des personnalités, comme le cardinal Gerlier, qui refuse de livrer les enfants au préfet après leur exfiltration. On trouve aussi dans le réseau un abbé juif converti au christianisme, un ecclésiastique proche des résistants, un agent double infiltré à Vichy… À leurs côtés, la masse invisible des Lyonnais dont l’anonymat constitue la meilleure garantie d’efficacité pour cette opération risquée. Ils parviendront à faire s’évanouir les 108 enfants dans les pentes de la Croix- Rousse. Lesquels enfants seront récupérés, hébergés, cachés par d’autres Lyonnais anonymes dont l’histoire a oublié le nom. Il fallait ce livre pour rendre justice à leur courage. Il y a eu, certes, des collabos tristement notoires entre Rhône et Saône, mais n’oublions pas ceux qui, dans le silence et l’anonymat, nous rendent aujourd’hui si fiers d’être lyonnais.