La Tribune de Lyon

L’édito de Lilian Renard

- LILIAN RENARD RÉDACTEUR EN CHEF

On ne lui connaît pas même un prénom, qu’un geste de désespoir. Samedi, dans l’anonymat glacé de sa détresse, un étudiant en droit tentait de mettre fin à ses jours en sautant par la fenêtre. Cet acte désespéré puise certes dans diverses causes, mais il rend un écho brutal au malaise sans fond qui frappe une partie de la jeunesse. Miroir brut de leurs angoisses, c’est ainsi que l’ont perçu de nombreux étudiants lyonnais sous le choc. Ils affrontent ce variant oublié du virus, qui frappe en silence leur quotidien confiné. Certains n’ont plus mis un pied en cours depuis des mois, n’ont jamais rencontré un camarade de promo, par centaines ils ont perdu un job qui leur assurait une maigre subsistanc­e. Ils sont parfois retournés vers le foyer familial, à contre- courant de leur envol naissant, ou vivotent dans les rares mètres carrés d’une chambre, l’ordinateur pour seul comparse. Qu’ils dérogent un soir à ce qui les accable, on les accuse d’inconscien­ce. Finalement, ils sont bien conciliant­s… « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020. » La phrase d’Emmanuel Macron résonne un peu dans le vide tant le pouvoir semble parfois oublier ses étudiants. Des initiative­s s’amorcent localement, RSA jeune par la Métropole, réseaux d’aide alimentair­e, dispositif­s d’écoute au sein des université­s, mais c’est le retour en cours qu’il faut progressiv­ement organiser. Cela devait être possible en cette rentrée pour les plus fragiles. Il faudra encore attendre… Éric Carpano, le président de Lyon 3 s’en est sincèremen­t ému et appelle à une « prise de conscience nationale » . Il a raison. Sinon, avoir 20 ans en 2021 pourrait encore être fatal.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France