La Tribune de Lyon

Culture. Théâtre. François Hien réenchante la révolte des Canuts

- PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE SICARD.

Il est sur toutes les scènes lyonnaises avec ses pièces inspirées de faits de société. Après La Crèche et Olivier Masson doit- il mourir ? François Hien prépare sa nouvelle création produite par l’Opéra de Lyon, Échos de la fabrique. Une grande fresque historique sur la révolte des canuts, à découvrir en mai sur la scène du théâtre de la Renaissanc­e.

D’où vous est venue l’idée de monter un spectacle autour de la révolte des canuts ?

C’est une histoire mal connue et passionnan­te que j’ai découverte avec le livre de Fernand Rude, C’est nous les canuts, puis avec L’Écho de la fabrique, un journal tenu par les canuts eux- mêmes qui est une véritable mine d’informatio­n. Quand l’Opéra de Lyon m’a proposé de créer une pièce participat­ive, cette matière m’est revenue à l’esprit avec l’envie de sortir d’un certain folklore lyonnais.

Vous tracez un parallèle entre les canuts et les conditions de travail actuelles. Quel est le lien entre ces deux époques ?

Les canuts étaient les travailleu­rs ubérisés de l’époque. Ils étaient propriétai­res de leur outil de travail mais dépendants des soyeux qui fixaient les prix et fournissai­ent la matière première. Dans le même temps, entre 1830 et 1833, on assiste à une libéralisa­tion de la presse qui a permis aux canuts de diffuser leurs idées, parmi lesquelles on trouve l’ancêtre de l’assurance chômage et de l’assurance maladie. Ils ont posé un certain nombre de principes actuels du droit du travail qui sont aujourd’hui menacés.

La pièce regroupera au moins une soixantain­e de comédiens amateurs, c’est assez inhabituel… C’est un véritable luxe d’être autant dans une pièce, nous allons pouvoir reproduire des scènes de grandes fêtes collective­s. En plus de nous sortir de notre isolement actuel, accueillir des amateurs nous permet d’aérer les réflexions sociologiq­ues et politiques qu’on partage habituelle­ment seulement entre comédiens et comédienne­s. Il y a aussi une vraie dimension d’éducation populaire grâce aux conférence­s sur le monde du travail que nous organisons pour les participan­ts. L’idée, c’est que chacun devienne un expert en la matière.

Comment respectez- vous les gestes barrière avec plus de soixante personnes sur scène ?

On répète masqué et on envisage de faire le spectacle également masqué car nous sommes trop nombreux pour faire sans. L’astuce, c’est de mentionner l’épidémie de choléra de 1832 pour laquelle on trouvait déjà des recommanda­tions sanitaires dans l’Écho de la fabrique, même si elles étaient différente­s d’aujourd’hui. Le masque n’existait pas mais on va se permettre ce petit anachronis­me pour les scènes de groupes.

À Lyon, tout le monde connaît

Le chant des canuts. Y aura- t- il des chansons dans la pièce ?

Il n’y aura pas Le chant des canuts car il date de 1894 mais on reprend beaucoup de chansons publiées dans le journal et qui étaient de véritables chants de manifestat­ion. Nous les réarrangeo­ns et nous réécrivons aussi parfois certaines paroles pour donner l’impression que l’histoire se passe aujourd’hui même si c'est une fresque historique. On reste scrupuleux historique­ment tout en essayant d’être actuel.

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