Orientation. Les métiers du droit passés au crible
Faut- il fermer le zoo du parc de la Tête d’Or ? Avec l’arrivée des Verts au pouvoir, plusieurs associations animalistes espéraient voir disparaître du paysage cette institution lyonnaise chargée d’histoire. Mais, au grand dam de certains militants, la ré
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Ce zoo est une prison qui protège. Un moindre mal pour ces bêtes quand on fait l’état des lieux de leur espace naturel. Pour autant, sont- elles plus heureuses ici que chez elles ? » , s’interroge Héloïse, une riveraine du 6e arrondissement de Lyon. La question a bruyamment traversé les dernières élections municipales, à la faveur de déclarations en cascade et d’un débat intense au sein de la gauche et des écologistes sur l’avenir du célèbre zoo du parc de la Tête d’Or.
Le candidat Grégory Doucet, à l’occasion d’un débat public, s’était en effet déclaré favorable à la transformation du jardin zoologique, monument de l’histoire lyonnaise, en un refuge pour espèces locales menacées. Cela devait permettre, selon lui, que les plus exotiques d’entre elles trouvent une nouvelle vie dans des réserves plus adaptées. Nathalie Dehan — conseillère métropolitaine EÉLV — applaudissait et rappelait alors la concordance entre la proposition du futur maire et celle de son parti animaliste récemment cofondé : « Interdire d’utiliser les animaux pour divertir ( corrida, cirque et zoo). » Pour autant, nulle unanimité dans la gauche en campagne. Avant de devenir l’actuelle adjointe au maire de Lyon déléguée aux Solidarités et à l’inclusion sociale, Sandrine Runel avait par exemple, comme candidate pour la Gauche unie, dénoncé une vision dogmatique. Celle pour qui « la corrida est une passion familiale » avait même exprimé sa différence par le biais d’une mise en scène devant la giraferie. « Ce zoo ouvert gratuitement sept jours sur sept est une chose que l’on doit préserver ; beaucoup de familles sont en difficulté et les priver de ce lieu serait dramatique ! » Allait- on vraiment en priver les petits Lyonnais ?
Rumeur et pétition. En réalité, Grégory Doucet ne s’est jamais vraiment exprimé publiquement sur une potentielle fermeture, réservant cette perspective à des conversations privées. Pour devancer les attaques sur un sujet dont il mesure la portée populaire, et pour couper l’herbe sous les pieds de Sandrine Runel, il avait alors fait le choix... d’éluder. Manière de ménager sa majorité sans heurter une population très attachée au zoo de la Tête d’Or. « Nous souhaitons que les Lyonnais puissent avoir un vrai contact avec une faune qui devrait leur être proche : celle des animaux domestiques ( poules, vaches, moutons, chevaux, chèvres ou porcs). »
L’idée d’une réserve pour espèces françaises menacées s’est donc fait jour, sans pour autant trancher l’avenir des espèces exotiques déjà sur place. Procédé élusif pour plaire au plus grand nombre ou sage prévoyance de faisabilité ? Quoi qu’il en soit, la rumeur de la fin du zoo avait enflé avec l’arrivée des Verts à l’Hôtel de Ville, si bien qu’une pétition pour son maintien fut lancée, recueillant quelque 1 500 signatures. Alors, Grégory Doucet, désormais maire de Lyon, mijote- t- il réellement une fermeture de cette institution lyonnaise ?
Paroles, paroles. À en croire les associations de lutte contre l’exploitation animale — dites abolitionnistes —, la réponse est formelle : rien n’est prévu en ce sens. Pour preuve, elles sont reçues à l’été 2020 par Nicolas Husson, l’adjoint du maire chargé des questions de Nature en ville, et Xavier Vaillant, le directeur du zoo de Lyon.
« Nous avons assisté à un exposé arguant que c’était bien pire avant, et que depuis, ils ont amélioré des enclos. En gros, on devait la mettre en veilleuse » , détaille Victoria Décousus, présidente de l’association Rando pour la planète et ancienne soigneuse animalière du zoo. D’après elle, le projet d’une ferme pédagogique consisterait à mettre en scène des animaux d’élevage dans les banlieues lyonnaises. « Des moutons près de l’A6 pour brouter l’herbe polluée, on a hâte !,
raille- t- elle. Précisons qu’in fine, ces bêtes seront abattues pour se retrouver directement dans nos assiettes ! » Des propos prolongés par Amandine Rubini, référente lyonnaise de Vegan Impact.
« Les Verts nous ont séduits, mais il ne se passera rien, si ce n’est l’ajout de moutons à Vénissieux,
regrette- t- elle. Nos impôts continueront de financer ces décors artificiels dans lesquels la maltraitance animale est donnée en spectacle. »
« C’est à nous de sauvegarder la faune. » Dans ce concert d’anathèmes, Laurence Croizier, conseillère UDI du 6e arrondissement en charge de la transition écologique, fait office de violon dissonant. « Les écolos sont les premiers à parler de préservation de la biodiversité, mais concrètement qui va le faire ? Pensentils sérieusement que les pays pauvres ont pour priorité la sauvegarde de leurs bêtes ? C’est à nous de sauvegarder la faune car nous en avons les moyens » , lance l’élue de droite. « On ne parle pas du zoo de Trifouilly- les- Oies là ! Quand on fait venir des tapirs pour la forêt d’Asie ( alors que c’est franchement laid, un tapir), on participe à des échanges internationaux, c’est un bon point pour nous. »
Même son de cloche pour Patrick, père de famille très attaché au poumon vert
lyonnais : « Le zoo est un rendez- vous dominical; on aime s’y balader et en apprendre davantage sur ces bêtes. Internet ne fait pas tout ! La vocation pédagogique de ce lieu doit être prise en compte. » Heureusement pour les familles, le zoo devrait encore avoir de beaux jours devant lui si l’on en juge par l’ouverture en avril de la forêt d’Asie — cet espace immersif et ses 25 espèces inédites largement annoncés depuis trois ans.
Bien que très insatisfaite, la présidente de Rando pour la planète ne jette pas l’opprobre sur le maire actuel. « Il a pris le risque de se mettre des gens à dos durant la campagne en se positionnant contre l’enfermement animal ; peut- être est- il entravé par des adjoints ou d’autres forces qui interfèrent. »
Grégory Doucet répond surtout qu’il n’était pas question d’une fermeture du jardin zoologique. « Nous sommes impliqués dans un projet de réimplantation des panthères de l’Amour dans leur milieu d’origine ; une réintroduction qui prend du temps, pose- t- il. D’ici là, la priorité est donnée à l’augmentation de leur bien- être en agrandissant leur espace. Du coup, on va moins les voir, elles pourront se cacher. Il m’importe également d’inclure le zoo dans des programmes de protection de la biodiversité française et nous pourrons bientôt nous enorgueillir d’accueillir deux espèces de tortues des marais en danger. »
Pas sûr qu’on y voie plus clair...