La Tribune de Lyon

BIO EXPRESS

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08.12.2014

Déjeuner fondateur entre Étienne et Diane dans le 9e arrondisse­ment.

13.11.2015

Première cantine éphémère à La Duchère.

09.2016

Ouverture à Vaise de la première Petite Cantine en bonne et due forme.

02.10.2018

Ouverture d’une Petite Cantine à Lille, « la première à se créer en notre absence » .

07.2020

Rédaction formelle de la raison d’être du réseau et de ses piliers, acte fondateur.

a demandé. Elles finissent par nous dire : « Il avait raison, j’avais besoin de voir des gens, de trouver du sens, ma place. » La simplicité des Petites Cantines soulage. Moi- même je me suis déjà fait « attraper » après y avoir mangé, en me disant le soir : « J’ai passé une bonne journée ! » C’est comme faire de la méditation, ça apaise. On découvre de nouveaux plats, comme quand on va chez des copains. Ça donne goût à de nouvelles choses. Je me souviens d’un étudiant qui nous a dit en sortant : « Ah ! ça fait du bien de bien manger ! » Ça faisait trois mois qu’il n’avait pas mangé un repas équilibré. J’ai moi- même redécouver­t la fondue de poireaux !

Alors qu’à l’origine votre idée n’était même pas celle- là ! Le prix libre, la cuisine collective… c’est venu après, à la demande des participan­ts, non ?

La cantine participat­ive n’était pas là au début du projet. L’idée était de faire du lien en partageant un repas. Je n’imaginais pas que des gens aient du temps dans la journée pour cuisiner. Ce sont eux qui nous ont dit : « Ah ! chouette, on va pouvoir venir cuisiner ! » Ce concept de faire du lien pendant qu’on mange, c’est un message qu’on veut continuer à faire passer, car c’est le plus universel, le plus simple, il est accessible à tous.

C’est au moment où manger ensemble devient un problème sanitaire que l’on s’aperçoit que c’est socialemen­t fondamenta­l.

Le soutien de la Fondation de François Hollande est- il le signe d’une possible suite avec plus d’ambitions ? Est- ce un moment critique ?

L’étape clé que nous sommes en train de vivre, c’est l’essaimage à grande échelle*, en accompagna­nt des porteurs de projets. Aujourd’hui, on sait le faire, on sait ce qui marche et ce qui ne marche pas. On a plusieurs modèles qui fonctionne­nt. Le nombre de services, de jours d’ouverture peut varier, le nombre de maîtres de maison aussi.

Qui décide des lieux d’installati­on ?

On n’a aucune légitimité à dire : « C’est là qu’il faut être. » En revanche, des habitants ou des collectivi­tés peuvent se dire qu’ils en ont envie. Même si ces dernières ne le font pas encore assez. Une cantine va vivre par la volonté des habitants. On les aide à se mobiliser, à se structurer.

Combien y a- t- il de bénéficiai­res aujourd’hui. Diane parlait récemment de 30 000, comment arrivez- vous à ce chiffre ?

Chaque personne qui vient se transforme en adhérent de l’associatio­n. Sur une cantine, on a environ 3 000 adhérents par an. Depuis le début, on en est à 25 000 personnes différente­s.

La fermeture de la cantine du 8e arrondisse­ment était prévue. Est ce néanmoins un échec ?

Le local était disponible pour deux ans, on le savait. C’est une cantine qui nous a permis de regarder ce qui fonctionne ou pas dans un quartier Politique de la Ville. Le centre social a mis un local à dispositio­n, les risques financiers étaient partagés. Le bilan, c’est que ça peut fonctionne­r. Mais le modèle économique n’est pas le même. Le nombre de personnes qui la fréquentai­ent n’était pas suffisant. Et l’on ne pouvait faire que deux services par semaine. C’est dur d’ancrer une habitude, alors que le reste du temps c’est le centre social qui occupe le lieu. Il peut y avoir confusion. Mais si d’autres habitants du 8e veulent remonter une Petite Cantine, on les accompagne­ra.

« Ce message de faire du lien pendant qu’on mange, c’est le plus universel, le plus simple, il est accessible à tous. »

Si le but est d’essaimer le plus possible pour « mailler le territoire » , quels sont vos besoins ? On n’a pas de besoins ! Essaimer est plus compliqué que de ne rien faire. Et l’essaimage n’est pas pour nous, c’est pour répondre à des besoins. On se doute qu’il y en a partout. Mais on n’a pas d’objectifs. Et notre développem­ent est majoritair­ement pris en charge par les mécènes. Le jour où l’on n’en a plus, on arrête le développem­ent. Mais ce qu’on veut, c’est que tout ce qui est monté soit viable.

Et le rôle des collectivi­tés dans tout ça ?

Leur part est très petite. Je pense qu’elles ont intérêt à se prendre en charge pour que cette fonction de lien social soit présente sur leur territoire. Je suis frappé car à chaque élection, quand on lit les programmes, on parle rarement du lien social entre habitants. Or, qu’est- ce qui fait qu’on « fait ville » ? La relation avec les autres habitants ! On oublie le fondamenta­l : que l’être humain est un animal social ! Sans relations, il meurt, j’en suis convaincu. Il faut du vert, de la culture, de la sécurité. Mais il faut aussi du sourire. Les pubs vantent parfois « l’esprit village » . Ça veut dire quoi ? Que les gens se connaissen­t. Si c’est un élément marketing, c’est que ça doit être fondamenta­l… En tout cas, il faut s’en donner les moyens.

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