Le facteur Z
C'est l’histoire d’un type en cravate au fond du bar en désordre, col blanc parmi les mines chiffonnées. Entre deux saillies, il éructe que c’était mieux avant, hurleur du déclin et roi de l’esclandre au petit matin. Ainsi va Éric Zemmour, élitiste mondain pourfendeur d’élites et souffleur rhétorique de débats migratoires qui fermentent à bas bruit depuis des années. Il est vrai que la droite les a patiemment amenés sur un plateau, que la gauche a longtemps regardé au pied du tabouret, que la Macronie s’est dit qu’elle en tirerait la prochaine tournée.
Les voilà débordant des arrière- salles et des plateaux télé vers le coeur de l’échiquier, là où la recomposition politique achève une oeuvre sévère. Elle se poursuit notamment à droite, dans le paradoxe de tentations contraires, tiraillée entre le centre d’Édouard Philippe et l’extrême rivage d’Éric Zemmour. Pour l’heure, les derniers enrochements tiennent encore au sein de LR et évitent la dislocation. Qui sait ce qu’il adviendra après le choix d’un candidat ? Car à Lyon et dans la région la tentation guette. C’est le sénateur Étienne Blanc qui appelait avant l’été le polémiste à rejoindre une primaire de la droite, puis qui invite désormais son camp à s’emparer des thématiques qu’il porte, identité et immigration. Ce proche de Laurent Wauquiez ne fait- il pas que relayer une musique déjà entonnée pendant les régionales ? C’est un élu de terrain qui, en bas de chez lui, voit la vieille droite lyonnaise se laisser tenter par les saillies identitaires d’Éric Zemmour. C’est toute une frange traditionaliste, passée par le mariage pour tous et Sens commun, qui se réactive à Lyon. Ce sont encore les réseaux de Marion Maréchal- Le Pen qui se mobilisent pour relancer leur vieux rêve d’union des droites. C’est un fait, à droite le facteur Z trouble déjà l’équation lyonnaise.