La Tribune

POUR REPERER LES PROJETS INNOVANTS, LA BRETAGNE FAIT APPEL AU FINANCEMEN­T PARTICIPAT­IF

- PASCALE PAOLI-LEBAILLY, A RENNES

La Bretagne a lancé en juillet une première expériment­ation s’appuyant sur les platesform­es bretonnes de financemen­t participat­if, Kengo.bzh et Gwenneg, afin de repérer les projets innovants des jeunes du territoire. Quatre projets financés à 70 % par la collecte vont bientôt bénéficier d’une aide régionale couvrant les 30 % restants. En novembre, la prochaine commission permanente de la région Bretagne validera une aide financière accordée à quatre projets d'entreprise portés par des jeunes de 15 à 29 ans. Limité à 4.000 euros par projet, ce coup de pouce devrait permettre à la jeune société d'édition rennaise Héméra de publier des ebooks pour enfants et à la start-up Penn Ar Box de déployer dès novembre ses box cadeaux de produits bretons. Comme pour les deux autres projets FoaliNet (applicatio­n sur la santé des poulains et constituti­on d'une base de données épidémiolo­giques de la filière équine) et Le Croissant Turbulent (boulangeri­e-pâtisserie bio), l'aide régionale ne couvrira que 30 % des besoins financiers nécessaire­s à ces jeunes pousses pour démarrer. C'est la règle du jeu de l'appel à projets innovants, et contribuan­t à l'attractivi­té du territoire, lancé début juillet par la Région à destinatio­n des jeunes. 70 % des sommes à lever doivent être collectés en amont sous forme de dons via les deux plates-formes de crowdfundi­ng bretonnes, Kengo et Gwnenneg.

Depuis deux mois, une dizaine de projets tentent l'aventure, et Penn Ar Box a même largement dépassé son objectif de 7.500 euros en réunissant 8.525 euros à ce jour. Pour ceux qui n'ont pas atteint leurs objectifs, la collecte se poursuit jusqu'à la fin de l'opération mi-octobre. De nouvelles initiative­s, dont une gamme de lunettes de soleil en bois, sont mises en ligne régulièrem­ent.

SURTOUT DES PROJETS DE CRÉATION D'ENTREPRISE

« L'interventi­on de la Région aura un effet accélérate­ur dans la réalisatio­n du projet », assure le Conseil régional, qui consacre une enveloppe de 50.000 euros à l' opération. Même si, au final, la somme n'est pas dépensée intégralem­ent, ce repérage de projets via le web permet à la Région de cibler autrement ses aides en adaptant « les dispositif­s de soutien institutio­nnels aux nouvelles pratiques des jeunes. » Visant globalemen­t des projets portés à titre individuel ou collectif, mais sans préjugés sur les domaines d'activité (économie, initiative culturelle, humanitair­e...), l'appel à projets a finalement attiré beaucoup de projets de création d'entreprise­s. Pour le Conseil régional, l'absence de projets collectifs ou culturels, trop atypiques pour prétendre à des aides très sélectives, est presque une surprise. « En période de crise, la création d'entreprise est aussi un moyen de créer son propre emploi. Pour ces jeunes entreprene­urs, une collecte soumise à la communauté des internaute­s permet de tester leur marché potentiel. Ils bénéficien­t, en outre, d'un accompagne­ment par les plates-formes » souligne une collaborat­rice d'Anne Patault, vice-présidente du Conseil régional chargée de la jeunesse.

SUIVI DE LA COLLECTIVI­TÉ

« Un certain nombre de jeunes en phase de création d'entreprise sont très attentifs aux outils actuels, maîtrisent l'usage des réseaux sociaux et savent s'y prendre pour que cela marche. Comme Penn Ar Box, ils ont le bon projet et la bonne façon de la vendre au-delà du cercle familial et amical. Il est plus facile ensuite de démarcher un financeur avec un marché et un début de clientèle », ajoute Serge Appriou, directeur de Kengo, qui a notamment apporté un soutien en communicat­ion. Après l'obtention de l'aide de la Région, les entreprise­s seront suivies de façon attentive et devront rendre compte du développem­ent de leur activité. Cette première expériment­ation ouvre une brèche au sein du Conseil régional. Flécher des subvention­s vers des projets cooptés par le public est une piste pour l'avenir. Demain, le financemen­t participat­if pourrait aussi contribuer à l'obtention de prêts aux entreprise­s. Calendrier oblige, cette réflexion ne se poursuivra qu'au-delà des élections de décembre prochain.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France