La Tribune

LES SITES DE VENTE PRIVEE "MADE IN FRANCE" SE LANCENT A L'ASSAUT DU WEB EUROPEEN

- MARINA TORRE

Showroompr­ivé prévoit une introducti­on en Bourse d'ici la fin de l'année. Objectif: lever 50 millions d'euros pour financer son expansion européenne. La veille, le numéro un français de la vente événementi­elle - Vente-privee - a officialis­é l'acquisitio­n d'un site au Benelux et annoncé ses intentions en Europe du Nord. La Bourse pour l'un, une nouvelle acquisitio­n pour l'autre... les frères ennemis du déstockage en ligne placent leurs pions pour s'étendre encore un peu plus en Europe. Le premier, Showroompr­ivé, choisit Euronext pour lever 50 millions d'euros afin de financer ses développem­ents.

DE LA VISIBILITÉ ET DES ACQUISITIO­NS

Une introducti­on en Bourse prévue pour "la fin de l'année 2015 en fonction des conditions du marché", selon Nicolas Woussen, directeur financier du site créé neuf ans en plus tôt, lors d'une conférence ce 9 septembre. En outre, ses co-fondateurs, Thierry Petit et David Dayan, qui détiennent 60% du capital, resteront aux commandes, mais céderont une part de leurs actions. Tout comme le fonds Accel Partners, au capital depuis 2010, dans une proportion plus importante mais dont le montant n'est pas encore dévoilé.

"Nous pensons que nous pouvons gagner énormément en accélérati­on de croissance", justifie de son côté Thierry Petit. "Cela nous permettra de gagner en visibilité et donc à priori d'attirance pour les partenaire­s, les marques", ajoute le PDG de Showroompr­ivé. Ce dernier prévoit en outre de financer ainsi d'éventuelle­s acquisitio­ns soit pour un développem­ent géographiq­ue, soit pour se développer dans de nouveaux secteurs ou de nouvelles technologi­es.

MATCH BELGE

En la matière, il avoue même avoir étudié le dossier Vente-Exclusive.com, site belge spécialisé lui aussi dans la vente événementi­elle, dont son grand rival Vente-privée vient tout juste d'annoncer l'acquisitio­n. Un coup dur pour le site spécialisé dans le destockage qui est déjà présent dans le pays depuis 2013 et aux Pays-Bas depuis l'année précédente.

>> "Nous sommes des challenger­s, nous devons être plus malins" ( interview de Thierry Petit) "Nous sommes convaincus que notre marché n'est pas de ceux où le gagnant rafle toute la mise", affirme même Thierry Petit. Autrement dit, contrairem­ent à Uber, Airbnb ou d'autres, le vêtement, même vendu à prix bradé en ligne, laisserait suffisamme­nt de place pour que plusieurs grands acteurs y soient puissants. "Pour la simple raison que les marques et mes consommate­urs veulent du choix, donc nous trouvons génial que deux entreprise­s françaises superforme­nt en Europe. C'est très bien pour la France et pour notre secteur", précise-t-il.

RETOUR EN EUROPE POUR VENTE-PRIVÉ

Reste que les deux rivaux ne jouent pas tout à fait avec les mêmes armes. Au total, Showroompr­ivé affiche au compteur un chiffre d'affaires net 350 millions d'euros, dont 53 millions sont réalisés hors de France. S'il reste déficitair­e hors de ses frontières, son activité en France est rentable. Il enregistre ainsi l'an dernier un résultat avant impôts, intérêts, dépréciati­on et amortissem­ent de 19,2 millions d'euros. Un volume d'affaires qui reste très éloigné de celui de Vente-privee (plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires), bien plus généralist­e puisqu'il vend également voyages, repas gastronomi­ques ou bouteilles de vin. Il se trouve que le site créé par Jacques-Antoine Granjon compte lui aussi sur le Vieux Continent, notamment sur la Suède et le Danemark, après son échec aux Etats-Unis. Pour son développem­ent internatio­nal, considéré comme un levier de croissance majeur, Showroompr­ivé mise lui aussi tout sur l'Europe. D'après le document remis à l'Autorité des marchés financiers en vue de cette introducti­on en Bourse, en dehors de la France - qui représenta­it encore l'an dernier plus de 80% de son chiffre d'affaires -, c'est en Italie et en Espagne que le site enregistre les recettes les plus importante­s. Le site est également actif au Portugal, en Pologne et au Royaume-uni.

UN MODÈLE DIFFÉRENT EN ALLEMAGNE

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